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coperhead
23 abonnés
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4,0
Publiée le 9 août 2018
Un magnifique drame humain avec un hommage à la loyauté des marins . Harry Baur est magistral dans son rôle de capitaine voyou et contre les convenances de la bonne société représentés en partie par sa femme qu'il déteste .
Une bourgeoisie rance, manipulatrice et sans morale face à un vieux baroudeur, capable de tout, mais qui protègent ses hommes. L'homme providentiel au dessus de la société de classe est le grand rève des année trente...mais aussi son cauchemar.
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3,5
Publiée le 8 octobre 2019
Harry Baur alias le commandant Mollenard navigue en eaux troubles au « Cinèma de minuit » . Tournè en 1937, ce drame, mis en musique par le grand Milhaud, est un classique indèniable du cinèma d'avant-guerre! C'est en cette même annèe que Robert Siodmak s'y fait remarquer en signant l'un des plus beaux films de sa pèriode française où Harry Baur tient le rôle d'un navigateur au long cours particulièrement truculent! En outre, "Mollenard" est une description savoureuse d'une certaine bourgeoisie avec ses manoeuvres politiques! Des seconds rôles èclatants de justesse (Dalio en artiste èprouvè, Dorziat en èpouse vertueuse et tyrannique qui aime son mari mais qui a tout sali...) et de belles images de Dunkerque où l'historien averti peut apercevoir la fameuse Citè de Jean Bart avant les bombardements de la guerre 39-45! A ne pas rater si vous aimez les grands acteurs français d'antan...
Sans aucun doute, un des meilleurs films de Siodmak, réalisé avant sa période américaine. Dans le rôle de Mollenard, Harry Baur est tout simplement monstrueux d'épaisseur. Un film d'aventures qui va bien au-delà du simple divertissement. La dernière partie du film est un modèle d'intelligence.
Si le film a vieilli par certains aspects, principalement dans les scènes du début, il est en contrepoint d'une étonnante modernité par d'autres. Parmi ces derniers, on retient surtout l'interprétation magistrale d'Harry Baur face à Gabrielle Dorziat qui n'a jamais été aussi brillante que dans ce rôle de femme revêche et aigrie. La confrontation entre ces deux monstres sacrés et la crudité de leurs dialogues valent à eux seules le détour. Le tout est complété par des seconds rôles très convaincants, en particulier Albert Préjean et Jacques Baumer. Le final sublime est très émouvant.
"Les mains qui tuent" (1944), Les tueurs" (1946) , "La double énigme" (1946), "La proie" (1946), "Pour toi j'ai tué" (1949). La liste est longue des chefs d'œuvre de la grande époque du film noir américain signés Robert Siodmak qui en font un maitre incontesté du genre aux côtés de Fritz Lang, Billy Wilder, John Huston, Henry Hathaway, Otto Preminger ou Anthony Mann. On oublie de ce fait un peu vite qu'avant de débarquer aux Etats-Unis en 1941 pour fuir le nazisme, le cinéaste allemand avait effectué une étape en France, longue de huit ans durant laquelle il réalisa neuf films dont reste aujourd'hui "Mollenard" comme son travail le plus abouti. Ce film qui n'appartient clairement pas au genre dans lequel Siodmak excellera quelques années plus tard, n'en n'est pas moins teinté de la couleur noire tellement son propos réaliste charrie un pessimisme assez proche du cinéma de Julien Duvivier qui avait d'ailleurs pris une option sur le roman éponyme d'Oscar-Paul Gilbert duquel est tiré le film avant que Robert Siodmak ne convainc l'écrivain de lui céder ses droits. L'auteur belge participe aux côtés de Charles Spaak à l'écriture du scénario que Robert Siodmak très impliqué, supervise de près. Ayant le sentiment de n'avoir pu s'exprimer à son goût sur le sol français, les producteurs ayant profité de son statut de réfugié, notamment son cousin Seymour Nebenzal, Siodmak est persuadé de tenir enfin là un sujet digne d'intérêt. Pour ce qui sera son dernier film français, il bénéficie de moyens conséquents attribués par Edouard Corniglion-Molinier (ami de Malraux) qui lui permettent de collaborer avec Eugen Schüfftan (photographe sur "Metropolis" et "Les Nibelungen"), Alexandre Trauner (le plus grand chef décorateur français) et Darius Milhaud (célèbre compositeur français de musique classique et d'opéra). Harry Baur monstre sacré de l'écran de cette période, pendant d'Emil Jannings Outre-Rhin, ayant rejoint le casting suite au refus de Raimu, le film s'engage sous les meilleurs auspices. C'est le port de Dunkerque qui sous la patte d'Alexandre Trauner prendra le temps de quelques semaines des allures de Shanghai. Justin Mollenard (Harry Baur), capitaine au long cours pour une compagnie de fret maritime est en difficulté dans le port de Shanghai, étant suspecté par les autorités locales de mener un trafic d'armes. spoiler: La compagnie qui orchestre ce trafic se détache de son capitaine, le soupçonnant d'agir cette fois-ci pour son propre compte. Mollenard est donc suspendu pour huit mois et doit rentrer à son port d'attache à Dunkerque où l'attendent sa femme (Gabrielle Dorzat) et ses deux enfants (Ludmilla Pitoëff et Robert Lynen). Ce retour inattendu met à nu le désastre du couple Mollenard , illustrant fort à propos la différence d'univers souvent insurmontable entre ceux qui vivent en mer et ceux qui restent à terre. De manière il faut le dire un peu partisane, le scénario oppose le romantisme de l'aventurier au grand cœur qui ne se sent bien qu'en compagnie de ses hommes avec lesquels il n'hésite pas à lever le coude au matérialisme rigide et froid de la femme de bonne famille qui doit veiller à l'éducation des enfants pendant les longues périodes de mission qui séparent la famille. Ce drame conjugal que l'on peut aujourd'hui jugé un peu manichéen était pourtant la réalité de toute une époque où l'alcoolisme était l'antidote idoine pour supporter l'isolement et les conditions difficiles de confinement à bord. Harry Baur formidablement dirigé par Robert Siodmak livre sans doute ici sa composition la plus convaincante car empreinte d'une nuance qui ne lui était pas coutumière. Gabrielle Dorzat grande actrice de théâtre endosse avec énergie un rôle plutôt ingrat, artificiellement destiné à justifier le spleen autodestructeur de Mollenard. A leurs côtés, Pierre Renoir, Albert Préjean et Marcel Dalio rappellent toute la richesse des seconds rôles du cinéma français d'avant guerre. Ainsi Siodmak est tout à son aise pour dresser en sous-texte de ce drame intimiste, le portrait d'une bourgeoisie un peu rance qui ne pense qu'à sa survie à travers un déploiement de convenances que Mollenard foule aux pieds sans vergogne. Dans la foulée, le réalisateur partira à Hollywood pour tenter sa chance en qualité de scénariste avec la suite brillante que l'on connait. Malgré toutes les qualités du travail de mise en scène de Robert Siodmak, on peut se rêver à imaginer, la version sans doute plus nuancée du roman qu'aurait livré un Julien Duvivier alors plus aguerri que le réalisateur allemand.
On est pas loin du chef d'oeuvre... Harry Baur encore une fois excellent, un monstre ! Un homme de Liberté avec un grand L quitte à passer pour un monstre sans coeur. Un contrebandier qui ne supporte pas la hiérarchie... Ca commence comme un film d'aventure classique mais ce n'est qu'un prologue pour expliquer la personnlité du bonhomme... La fin est tragique d'un homme fort, respecté et craint vers la déchéance physique. Un magnifique drame humain avec un hommage à la loyauté.
Mollenard, est un vieux loup de mer qui aime l'aventure et se plaît à vivre hors du droit chemin. Il passe au premier abord pour quelqu'un de peu fréquentable, un vrai brigand dont les trafics, salissent l'image de ses employeurs et humilie sa famille. C'est sans compter les péripéties qui traverseront son chemin, et par lesquelles sa profonde humanité se révèlera, que l’on s’attachera progressivement à cette personnalité bien trempée. Même si on ne voit dans l’attitude de cet homme rien de bien angélique, c'est bien cette figure qui nous est la plus chère car la plus vraie, éloignée du calcul et du cynisme de la société. On retiendra en ce sens l’hypocrisie de sa Compagnie, prête à renier ses accusations et ses sanctions pour une question d’argent, ou encore la dignité feinte de la femme de Mollenard. C'est au fond dans un retournement de valeurs où l’on finit par prendre parti pour ce voyou, qu’apparaît la portée du film, voyant dans les usages sociaux, le vice dans toute sa splendeur, caché sous le masque de la vertu. Et ce capitaine qui passe du statut de hors la loi à celui de victime est interprété de manière impeccable par Harry Baur tour à tour drôle et émouvant.