Non, tout ce qui se veut audacieux sur la forme n’est pas nécessairement un chef-d’œuvre. Remarque faite aux critiques qui idolâtre ce métrage à un point rare. Si c’était le cas bien des courts-métrages seraient géniaux, et bien des films. Hiroshima mon amour est avant tout expérimental, et cela ne peut pas suffire à faire un bon film.
Déjà je n’ai pas compris pourquoi faire réciter du texte à des acteurs. Un acteur n’est précisément pas un récitant, si on veut un récitant on ne s’adresse pas à des acteurs, ou du moins on ne fait pas un film. Les interprètes déblatèrent leurs texte, au mieux sans vie, au pire en surjouant à l’excès simplement car il y a rien de pire que des textes écrits dans un film pour perdre en naturel et en vie. C’est d’une rare artificialité, et il faut être franc, aucun bon acteur n’aurait pu faire quoi que ce soit de ce genre de texte et de dialogue, il n’y a d’ailleurs pas de dialogue, l’essentiel du film se résume à une succession de monologue d’une lourdeur rare ! La plupart des phrases se résumant à sujet verbe complément !
A cette lourdeur s’ajoute un scénario bien moyen. Certes c’est ambitieux, mais au final rien de bien savoureux. Le film se traine en longueur, c’est plat, la narration est chaotique, et le pire c’est que l’introduction est finalement bien meilleure que le film lui-même ! Le souci c’est que le métrage manque complètement d’émotion, de vie, alors même qu’il traite de l’amour. Du coup bonjour la platitude. C’est peut-être de l’amour expérimental, qui sait, mais une chose est certaine, ce qui est bien en labo n’est pas nécessairement savoureux !
Formellement Resnais se débrouille honorablement dès lors qu’il s’agit de filmer la ville, les décors, mais alors à l’image du reste il est incapable ici de saisir les émotions et de saisir ses acteurs. C’est tourné comme un documentaire, c’est si les cadrages et les plans sont globalement d’une grande recherche, le manque de dynamisme de la caméra et de vitalité, l’austérité pour ainsi dire, finissent par empeser un métrage déjà bien pesant. La bande son des plus minimalistes finit d’achever le tableau.
Franchement je ne comprends pas du tout l’engouement pour ce film. Révolutionner quelque chose ne signifie absolument pas que cette révolution soit géniale, ni même qu’elle justifie de faire n’importe quoi à côté ! Pour un laborantin du cinéma c’est peut-être très bien, pour un technicien je n’en doute pas non plus, pour un spectateur qui doit juger un film sur un plan artistique, c’est beaucoup moins le cas. 1.5