Un très beau film , assez atypique car difficile à classer. De Sica confirme être un cinéaste majeur et s’est éloigné du néo-réalisme italien de ses débuts, mouvement qu’il’ avait créé, grâce à son « Voleur de bicyclette » , avec Roberto Rossellini. Il s’engage ensuite sur ce que l’on appellera la comédie à l’italienne, mais très vite il dévie vers un cinéma rempli de réflexion, de finesse, plus sociétal, plus subtil. En utilisant l’humour et la comédie douce-amère, il dépeint la société, mais surtout les rapports humains, en y rajoutant une dimension individuelle. Ici c’est exactement le cas, le film démarre comme une comédie, presque burlesque, et très vite on apprend à connaitre les deux personnages principaux et on s’y attache. Cette histoire d’amour impossible entre cette prostituée, issue de la classe la plus modeste et l’un de ses premiers clients d’un milieu plus bourgeois. Leur route se croiseront à plusieurs reprises, à commencer par leur rencontre, au bordel, sous les bombardements, réfugiés pour un tête à tête incongru, et son amour sera toujours intact. Mais lui est un vrai Don Juan qui veut séduire ,chaque femme, et ne pas de laisser attacher . Le film est très précurseur dans l’analyse du rapport homme-femme, et devient très « féministe » dans son déroulement car c’est bien le personnage se Sophia Loren, qui est le plus fort, celle elle qui mène la « danse », qui gère sa vie en toute indépendance et celle-ci qui aura gain de cause au final. Les deux acteurs sont exceptionnels, Sophia Loren tient probablement là son meilleur rôle, sublime, et Mastroianni est formidable en personnage, veule, lâche mais charmeur. C’est un régal à chaque plan, ils sont au sommet de leur l’art ,de l’enchantement.