Par ce qu’il se passe dans les champs de coton, au plus près des fermiers et travailleurs de la terre, « The Southerner » renvoie inévitablement à « Grape of Wrath ». De plus, pour l’écriture du scénario, Renoir fut aidé par Faulkner et Nunnally Johnson (tous les deux non crédités), ce dernier avait adapté le roman de Steinbeck. Et d’en conclure que comme John Ford, il s’est surtout attaché à l’humain, ce qui est exact. Mais d’en faire aussi un film social, comme son illustre prédécesseur (2 oscars et 4 nominations) semble un contre sens complet. Le travail de la terre n’est jamais simple car fait de sueur, de craintes et de misère. Mais aussi d’espérances, ce qui est peu flagrant dans le film de Ford, à l’inverse de celui de Renoir. Quant à la critique sociale, thème Fordien majeur (il vouait une haine profonde aux financiers de l’Est) qu’une immense majorité attribue à « L’homme du sud », elle est inexistante. Le patron est plutôt sympa, l’ami Tim gagne bien sa vie à l’usine et le discours du héros est une apologie de l’entreprise individuelle,
qui de plus finit par triompher à la fin.
Comme quoi dans l’hexagone trop de gens en réfèrent à Karl Marx sans en avoir lu le moindre chapitre. En oubliant qu’après avoir donné dans le social propagandiste, le cinéaste a fait une telle volte face, le film est bien réalisé avec un vrai sens de la naturalité et comme toujours, une manière de filmer la rivière comme aucun autre. Les acteurs sont crédibles même si granny (Beulah Bondi) finit par être pesante. Renoir, nominé Best Director pour ce film, partage aussi avec Ford, une incapacité à filmer une bagarre.