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ronny1
36 abonnés
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3,0
Publiée le 19 mars 2019
Par ce qu’il se passe dans les champs de coton, au plus près des fermiers et travailleurs de la terre, « The Southerner » renvoie inévitablement à « Grape of Wrath ». De plus, pour l’écriture du scénario, Renoir fut aidé par Faulkner et Nunnally Johnson (tous les deux non crédités), ce dernier avait adapté le roman de Steinbeck. Et d’en conclure que comme John Ford, il s’est surtout attaché à l’humain, ce qui est exact. Mais d’en faire aussi un film social, comme son illustre prédécesseur (2 oscars et 4 nominations) semble un contre sens complet. Le travail de la terre n’est jamais simple car fait de sueur, de craintes et de misère. Mais aussi d’espérances, ce qui est peu flagrant dans le film de Ford, à l’inverse de celui de Renoir. Quant à la critique sociale, thème Fordien majeur (il vouait une haine profonde aux financiers de l’Est) qu’une immense majorité attribue à « L’homme du sud », elle est inexistante. Le patron est plutôt sympa, l’ami Tim gagne bien sa vie à l’usine et le discours du héros est une apologie de l’entreprise individuelle,spoiler: qui de plus finit par triompher à la fin. Comme quoi dans l’hexagone trop de gens en réfèrent à Karl Marx sans en avoir lu le moindre chapitre. En oubliant qu’après avoir donné dans le social propagandiste, le cinéaste a fait une telle volte face, le film est bien réalisé avec un vrai sens de la naturalité et comme toujours, une manière de filmer la rivière comme aucun autre. Les acteurs sont crédibles même si granny (Beulah Bondi) finit par être pesante. Renoir, nominé Best Director pour ce film, partage aussi avec Ford, une incapacité à filmer une bagarre.
Ce n'est pas la période ou Renoir réalise ses films les plus excitants mais il nous donne à voir le petit peuple américain avec son réalisme et son humanité habituels et donc son espérance communicative.
En voyant le film de Renoir, il est difficile de ne pas penser à certains métrages de John Ford, et en premier lieu à Qu'elle était verte ma vallée. On y retrouve certains thèmes en commun comme une description de personnages dignes malgré leur misère ou leur attachement à la terre. Comme l'indique le titre, le sujet du film est l'américain moyen qui vit - ou plutôt survit - dans ces états du Sud des Etats-Unis, à l'époque déjà moins développés et plus pauvres que le Nord du pays. Renoir prît d'ailleurs pour le premier rôle Zachary Scott, un pur produit du texas. Compte tenu de ses convictions politiques, il n'y a rien d'étonnant à ce que le metteur en scène de la Bête humaine se soit interessé au sort de cette population et à la description de la rude vie de cette famille de modestes paysans dont on suit le pénible travail pendant une année rythmée par le cycle des saisons. Leur solidarité et leur abnégation leur permetra finalement de triompher des obstacles et de faire face à la fatalité. Renoir s'interesse non seulement aux habitants du Sud mais également à la région elle-même. Il en décrit l'atmosphère, l'état d'esprit, les moeurs, l'importance de la terre dans la vie des habitants et les paysages. A ce titre, son utilisation de la profondeur de champ est éloquente, le paysage ayant toujours son rôle à l'écran. Renoir insista d'ailleurs pour tourner sur les lieux mêmes où l'histoire se déroule. Si le film n'atteint pas les sommets du cinéaste dans les années 30 et 50, il n'en demeure pas moins une oeuvre interessante et constitue même peut-être le meilleur film qu'il est tourné en Amérique.
L'homme du sud fait partie de la période "américaine" de Jean Renoir; tourné en 1945 le film fait évidemment penser au John Ford de Qu'elle était verte ma vallée par exemple. A noter que William Faulkner a participé à l'écriture du film. Il s'agit d'une sorte d'ode aux fermiers qui tentent de dompter une nature rétive, à la sueur de leur front. Sam Tucker veut cultiver lui même sa terre et être indépendant; il va devoir affronter les éléments, les maladies (son fils), un voisin malveillant. Il n'y a pas d'intrigue, à proprement parler, dans L'homme du sud, Renoir s'attache plus à la description de la famille, à ses heurts et malheurs, mais aussi à ses bons moments. On est plus proche du documentaire, et certains spectateurs peuvent "décrocher", ou du moins s'intéresser moyennement à cette description de la ruralité. Sans être un grand Renoir (à mon avis), L'homme du sud mérite quand même une vision attentive, car il s'agit certainement du plus "renoirien" de la période américaine du cinéaste.
Sans atteindre au niveau des chefs-d’œuvre renoiriens des années 30, ni des Raisins de la colère auquel le sujet et l’ambiance de ce film renvoie, l’homme du Sud est un bon film social et lyrique très bien filmé, avec du souffle et un coté humain bien développé. Renoir aborde des thèmes qui lui sont chers (attention aux petites gens, conflits sociaux, opposition de classe entre un patron exploiteur et des journaliers agricoles travaillant pour une misère…) mais on sent qu’Hollywood veille en faisant déboucher l’histoire sur une ode à l’initiative personnelle et la réussite individuelle interprétée par un couple de séduisants jeunes gens tournant amoureusement leur regard clair vers un avenir radieux. Film méconnu à découvrir.
Est-ce vraiment un film de Jean Renoir ? Ou plutôt des studios United Artists (avec Robert Aldrich comme assistant) ? Adapté du roman « Hold autumn in your hand » (1941) de George SESSIONS PERRY (1910-1956), le film, en noir et blanc [photographie du Français Lucien ANDRIOT (1892-1979), installé depuis 1914 aux Etats-Unis et qui a collaboré avec 7 réalisateurs français lors de leur séjour à Hollywood], est plus proche de la série « La petite maison dans la prairie » (1974-1983) que du film « Les raisins de la colère » (1940) de John Ford. George Sessions Perry n’est pas John Steinbeck (1902-1968) ! C’est une chronique, au fil des saisons, de la famille Tucker, Sam, Nona, leurs 2 enfants, Jot et Daisy, la grand-mère (qui n’en finit pas de râler) et le chien Zoomie, qui s’installe pour cultiver du coton, le terrain appartenant à l’ancien patron de Sam. Les saisons passent (spoiler: difficulté à se nourrir pendant l’hiver et d’avoir une alimentation équilibrée ) et il faut composer avec un voisin non coopératif qui possède un puits d’eau potable. En moins fort, cela rappelle « L’île nue » (1960) du Japonais Kaneto Shindō ou « Sécheresse » (« Vidas secas ») (1963) du Brésilien Nelson Pereira dos Santos où c’est le manque d’eau qui est prégnant, ou « Maudite pluie » (2009) de l’Indien Satish Manwar où alternent excès de pluie et sécheresse, avec plus de pathos. Zachary SCOTT (Sam), n’a pas le charisme d’Henry Fonda, ni Beulah BONDY (la grand-mère), celui de Jane Darwell.
Sam Tucker et sa famille obtiennent un fermage et s'installent dans une baraque délabrée. Le rêve de toujours de Sam de travailler la terre à son profit s'accomplit enfin. Mais la culture du coton nécessite de l'abnégation et de la chance. Sans verser dans le misérabilisme, grâce à une approche plutôt réaliste et sobre, autant quà un sentiment d'espérance toujours présent malgré les difficultés, Jean Renoir décrit le profond dénuement où se trouve la famille Tucker, son quotidien précaire qui la rendent attachante et émouvante. Le cinéaste rend hommage à ces fermiers du Sud, ou d'ailleurs, qui n'eurent, à leur début, que leur courage et leur foi. Renoir réalise un met en scène un condensé d'infortunes alimenté par toutes sortes d'adversités. On peut regretter, d'une certaine façon, que cette chronique rurale s'attache peu néanmoins, plus attentive aux personnages, à décrire le travail de la terre. On retrouvera dans ce film de la période américaine de Renoir son style chaleureux et son humanisme.
Renoir parvient à nous plonger si bien dans la vie de cette famille de paysans qui luttent pour manger et cultivent leur terre avec l'énergie du désespoir que chaque peine nous écorche, chaque joie nous irradie de bonheur. On vit le quotidien des personnages comme si c'était le nôtre. Mais il reste Le défaut que je n'arrive pas à pardonner à tous les films de Renoir : son misogynisme permanent. La mère de famille participe au travail des champs et s'occupe de tout ce qui concerne le foyer mais elle ne reçoit aucune reconnaissance et n'a aucun pouvoir décisionnel. Elle n'est considérée que comme une enfant irresponsable présente pour le réconfort de son si important mari !
Sans atteindre le niveau des Raisins de la colère, Jean Renoir signe néanmoins un fort bon film social, décrivant la vie au jour le jour d'un couple d'agriculteurs. Très bien filmé, l'ensemble arrive à donner un réel souffle à l'ensemble, plus que certaines sont très réussies. De plus, le coté humain est lui aussi très bien développé, et c'est donc assez enthousiaste que l'on ressort de ce film méconnu de Renoir, et qui mérite d'être redécouvert.
Une très belle surprise. Très beau film. J'avais toujours entendu dire que les films de Renoir de la période américaine ne valait pas tripette. C'était donc faux. Une image magnifique d'une famille, et en particulier d'un couple dont le courage, la constance et l'union face à la misère et aux difficultés à vaincre forcent l'admiration. A côté, avec ses petits problèmes égoïstes de Français moyen du 21è siècle, on se sent tout petit, et on se reproche de ne pas valoir grand-chose. Un réalisation impeccable, qui n'a rien à envier à celles des plus grands. Mais ça, en revanche, quand le réalisateur s'appelle Renoir, ce n'est au fond pas une surprise. Ajoutons aussi deux acteurs principaux très convaincants, bien que méconnus, Zachary Scott, dans un rôle à la Gary Cooper , et Betty Field. Un film malgré tout optimiste, qui fait du bien, car il a le don de vous galvaniser et de vous donner du courage.