Entre deux doigts bouillants daudace, Christophe Ruggia cerne la noix de lenfance déphasée, sans la briser... Elle fait peur, pas une crainte antécédente parce quelle a déjà été picorée, mais parce quelle surprend au vif. Lemportement limé à la justesse, et les limites chassées de lerrance sans loi de deux ados, abandonnés à la naissance, adoptés par la survie, qui volent de familles daccueils en centres spécialisés, de la prison à lhôpital psychiatrique. Il y a Chloé, poupée malade désarticulée, qui sent les choses mais ne les voit pas, dessine le bonheur sur le sol avec des débris de verres et de céramiques. Une maison avec une cheminée qui fume, un jardin, un papa et une maman. Son frère Joseph, jeune garçon violent, adulte dans luf, tente de sauver contre les discours psy et avant tout pour sa sur, ses illusions des bla-blas bien-pensants des adultes. Leur seule possibilité de ne pas être séparés est de fuir à travers les bois et les HLM. Un voyage entre lenfer et le paradis qui verra naître l'avènement de Chloé dans le vrai monde, auprès de son frère, son seul "remède". Deux jeunes comédiens à couper le souffle, donnent de lesprit à une histoire coup de boule, nouveau Petit Poucet, qui nen manque pas, par son lyrisme noir abruptement viscéral, qui fait luniformité avec son ancêtre par la même ambiguïté.