L'histoire d'un jeune graphiste monté à Paris qui confond souvent l'état éveillé et le sommeil rêvé.
Il faut bien l'avouer, j'y suis allé à reculons, "Eternal Sunshine of the spotless mind" était une telle perfection qu'il me paraissait exceptionnel, sans que l'on puisse réitérer ce type de coup d'éclat. Et le battage médiatique autour du dernier Gondry (genre on a laissé passer le premier, on va pas faire la même erreur pour le second) ne présageait rien de bon. Notamment l'insistance sur le "système" du réalisateur.
Heureusement, dès les dix premières minutes, après avoir bien rigolé d'un humour parfois trentenaire, parfois potache, j'ai dégusté sans arrière pensée un très bon film.
C'est drôle, totalement erratique, totalement invraisemblable, totalement trop. Il y a beaucoup de maîtrise dans cette caméra à l'épaule, dans cette direction d'acteurs qui semblent libres mais dont l'homogénéité dans le film montre une grande réflexion.
Evidemment, l'un des réalisateurs les plus riches de France qui joue les vieux pervers sur le tard est jouissif, Miou Miou et Garcial sont parfaits, et enfin, même si elle semble plus maigre et fatiguée que jamais, Charlotte donne une grande fragilité et forte humanité à son personnage.
Je crois que personne n'a aussi bien filmé des appartements parisiens "réels" depuis bien longtemps, tout y est, et c'est d'un réalisme fou.
Quant aux délires, ils sont suffisament saupoudrés d'un peu de logique et de magie de fin de soirée pour que rien ne soit indigeste.
C'est sûr qu'en tant qu'ancien graphiste des Arts Décos, je me sens proche d'une certaine manière et du scénario, et des péripéties. Et ce ne fut pas le cas d'un couple qui est parti à la première demi-heure. Mais je pense avec le recul qu'il s'agit d'un bon film, au message suffisament universel, surtout avec cette originalité, qui comme "Brick", réinvente d'une certaine manière le cinéma, place aux jeunes !
Le sujet est plus confus et moins prenant que son premier opus qui était extrêmement beau et triste, ici l'humour fait le lien entre des choses sans doute autobiographiques et totalement délirantes, c'est la raison de la note, bien que les deux films soient au même niveau d'inventivité, l'hommage au "vrai" Paris en plus.
Finalement, vivement le troisième Gondry !