Important dans l'histoire du cinéma Italien, "Roma, città aperta" compte aussi beaucoup concernant la période de fin de guerre. Entamé le 17 Janvier 1945, le tournage se fit majoritairement de nuit, afin d'éviter les pannes de courant qui y étaient moins fréquentes. Il s'agit d'instants captés dans la tourmente, une sorte de documentaire à peine scénarisé désirant être ainsi classé au rang de fiction. Pourtant, le malaise est bien là. Filmé avec d'anciennes pellicules que ne pouvaient revendre le studio, l'ensemble est pris sur le vif, sans réel recul, seulement avec une rancoeur vis-à-vis de la guerre et toute la violence qu'elle engendre. Anna Magnani y trouve un rôle émouvant mais très dur. Elle finira abattue en pleine rue au cours d'une séquence célèbre mais éprouvante. Cependant, elle n'est pas le centre de l'oeuvre. Quelqu'un de plus important et plus symbolique dans la thématique de Rossellini lui "vole la vedette" : le prêtre, désabusé, perdu, avec un regard dur sur l'humanité. Lorsqu'on lui confie que cette guerre est absolument horrible, il répond explicitement : "Peut-être, mais ne l'avons-nous pas méritée ?". Le parrallèle avec le Christ, la souffrance, la rédemption frappe certainement bien plus le spectateur qu'autre chose. Pourtant, d'autres images me resteront dans la tête : celles des Nazis entrant dans les maisons des gens, constamment à la recherche de corps à brutaliser et tuer. Pris sous formes de panoramiques le haut des toits, cadrant pleinement la rue, ces plans sont sans doute les plus traumatisants : ceux où on prend le plus conscience de l'horreur. Malgré toutes ces qualités, "Roma, città apertà" ne m'a pas cloué tel que l'aurait fait un chef-d'oeuvre, à cause du manque de profondeur de sentiments, d'émotions et de tout ce qui constitue un humain. La technique du faux amateurisme accuse parfois certaines limites, notamment dans ce qu'est capable de mieux le cinéma : le ressenti. Et mis à part la peur, ce n'est pas ce que provoque cette oe