Le Fond de l'air est rouge : les secrets du tournage

Chris Marker a été toute sa vie un homme et un réalisateur engagé. Après avoir fait partie de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, il entreprend de filmer l'évolution du monde et notamment au sein des pays socialistes. Il se rend ainsi en Chine, en URSS, Cuba ou encore au Vietnam pour autant de documentaires (Dimanche à Pékin, Lettre de Sibérie, Cuba si, Loin du Vietnam). Par ailleurs, il se pose en témoin du conflit franco-algérien en filmant les conséquences des Accords d'Evian (Le Joli Mai). Le Fond de l'air est rouge constitue, lui, une tentative d'analyse des grands changements qui ont transformé le monde entre 1967 et 1977.

La filmographie de Chris Marker s'explique par sa jeunesse. Né à Neuilly-sur-Seine, il suit des cours de philosophie à l'université, où l'un de ses professeurs n'est autre que Jean-Paul Sartre. La passion révolutionnaire de son illustre aîné se ressent dans son parcours et dans son goût pour le socialisme post-1945.

Les mystères de la traduction sont parfois impénétrables. Si Chris Marker avait intitulé son oeuvre Le Fond de l'air est rouge, aux Etats-Unis, le film a été projeté sous le nom de "A Grin without a Cat", litérallement "Une sourire sans chat". Derrière ce titre étrange, il faut voir une référence au Chat de Cheshire d'Alice aux pays des Merveilles et son caractère insaisissable et imperceptible. La métaphore se veut caractériser la révolution socialiste, promise, qui est dans l'air mais qui n'est pas réelle. Pour que son propos soit plus justement compris, Chris Marker a donné un sous-titre à son film : "Scenes from the Third World War 1967-1977".