La Vie passionnée de Vincent Van Gogh (Lust for life), 1956, de Vincente Minelli, avec Kirk Douglas (Van Gogh) et Anthony Quinn (Gauguin). D’après le roman d’Irving Stone qui a écrit le scénario. Passionnant biopic de cet étonnant moine artiste qui a inspiré d’autres cinéastes (4 films entre 1990 et 1991) et d’autres interprètes, dont Scorsese, Tim Roth, Dutronc…L’œuvre de Minelli ne prétend pas nous initier à la peinture de Van Gogh, prolifique créateur, mais nous raconte sa courte vie (37 ans), d’échec en échec, en suivant le plus authentique des itinéraires, celui de sa correspondance, souvent bouleversante, avec son frère Théo, de quatre ans son cadet, qui l’a constamment aimé, aidé, encouragé et financé. L’un des points forts du film est aussi de nous montrer la progression des œuvres au fil du temps, les tableaux authentiques les plus célèbres, admirablement photographiés, comme le prouve la longue liste des remerciements au générique de fin, remerciements aux musées et aux collectionneurs privés, comme Edward J Robinson. L’année vécue à Arles, avec l’explosion de la couleur qu’elle entraîne, la rupture avec Gauguin, l’automutilation, le premier internement…est particulièrement bien exposée, synthétisant toutes les déceptions, désespoirs et souffrances du peintre, son incapacité à gérer des relations sociales, professionnelles, affectives, à se gérer lui-même. Quand on voit le tumulte du ciel de La Nuit étoilée (Saint-Rémy, juin 1889) et, un an plus tard, Le Champs de blé aux corbeaux, (Auvers, juillet 1990), on pressent l’œuvre testament, même si l’on n’est pas un grand connaisseur. Ajoutons enfin que Kirk Douglas est un interprète extraordinaire, et qu’il nous fait, si douloureusement, « vivre » Vincent dans tous ses lieux de vie, méticuleusement reconstitués.