Après James Stewart, Kirk Douglas pour un western certes endiablé mais dont la surprise ne tient pas sur la durée. Dommage !
« L’homme qui n’a pas d’étoile », c’est l’histoire de Dempsey qui traverse les contrées de l’Ouest tel un cowboy solitaire. Sur sa route, il va prendre un jeune sous son aile.
Aidés par les trois cadors que sont Borden Chase (auteur unanimement reconnu par la profession pour avoir concocté des classiques tels « La rivière rouge » et « Vera cruz », il ira jusqu’à soutenir le scénario du remake de ce film : « Un colt nommé Gannon »), Kirk Douglas (alors dans sa période faste : « 20 000 lieues sous les mers », « Les sentiers de la gloire »…) et King Vidor (démontrant son savoir-faire dans l’utilisation de sa mise en scène, le réalisateur pionnier de « La grande parade » -par son réalisme et son sens du documentarisme- est obligé de partir sur le continent européen pour commencer la fresque « Guerre et paix »), le film bénéficie d’un thème maintes fois repris dans le western, les petits contre gros propriétaires. M’ayant fait pensé à « L’homme des vallées perdues » (de Georges Stevens !) dans son traitement (l’avancement de l’intrigue est similaire, ainsi que les motivations des deux personnages principaux –Dempsey pour ce métrage et Shane pour le film évoqué ci-dessus– : le refus du progrès), « L’homme qui n’a pas d’étoile » se démarque par la vision d’une liberté que chaque protagoniste essaye d’apporter. L’un veut des barbelés pour protéger son bétail, l’autre n’en a que faire au vue du nombre de tête de son cheptel, tandis que Dempsey (magnifique Kirk Douglas !) essaye de se faufiler et combiner avec toutes les parties pour sauver son honneur de vadrouilleur. Un comble lorsqu’on connaît toutes les aventures dans lesquelles Kirk s’embarqué !: on se souviendra des films « Ulysse », « La vie passionnée de Vincent Van Gogh », « Spartacus »… et tant d’autres !!
L’on est ainsi transporté par la mise en abîme des personnages et des sujets annonciateurs de la fin de l’Ouest sauvage par la chanson de générique, interprétée par Frankie Laine (qui retrouvera notre grand ami Kirk pour « Règlements de compte à OK Corral »), énergique et collant à merveille à l’univers décrit. Magnifique !, Frankie : ta pétoire fait de la belle musique. Merci !
Au casting, on appréciera les fortes présences féminines de Claire Trevor (amie de John Wayne, elle aura tournée pour Ford, Mann, Walsh, Wise et tant d’autres !!) et de Jeanne Crain la danseuse (révélée par Cukor en 1944 par « Winged victory »), sans oublier le méchant de service, l’impeccable Richard Boone (second couteau efficace des 50’s-60’s : « Man on a tightrope » d’Elia Kazan, « Alamo », « Hombre » de Martin Ritt, …) face à un Kirk Douglas excellent, totalement impérial, charismatique et totalement cabotin. Etoilement vôtre, Monsieur Douglas.
A ce western concocté par l’un des maîtres des fresques du vingtième siècle, le metteur en scène apporte toutes les figures du genre (chevauchées, corps-à-corps, ‘duels au soleil’, paysages désertiques de l’Amérique, shérifs et cowboys déloyaux) tout en restant dans le sens classique du genre.
Au final, « The man without a star » (1955), petit classique du western, se doit d’être regardé pour tous fans du héros des « Sentiers de la gloire ».
Spectateurs en manque de liberté, choisissez vous une étoile !
A noter : la présence de deux grands acteurs westerniens non crédités au générique, à savoir Jack Elam (« Le train sifflera trois fois », « Je suis un aventurier », « Rio lobo »…) et Lee Van Cleef (« La loi de la prairie », « L’homme qui tua Liberty Valance », « Sabata »…).