Durant le Nouvel Hollywood de 1974 sortait Sugarland Express, le deuxième film (et premier vrai long-métrage de cinéma), d’un tout jeune cinéaste qui avait commencé à se faire un nom avec un désormais célèbre téléfilm intitulé Duel et qui eut la chance d’avoir une exploitation dans les salles obscures. Je parle bien évidemment du maître incontesté Steven Spielberg qui s’intéresse ici à un tragique fait divers et nous offre un véritable road movie, très prenant, très émouvant et très dynamique, en bref un film qui sonne terriblement Spielberg quand on le revoit aujourd’hui et ce n’était à l’époque que sa deuxième œuvre ! Clovis Poplin s’apprête à être libéré de prison. Mais sa femme l’incite à s’évader à seulement quatre mois de sa libération pour aller récupérer leur enfant dans la ville de Sugarland. S’engage alors une course poursuite effrénée entre le duo, qui prend en otage un policier, et les autorités du Texas. Adapté d’une histoire vraie qui s’est déroulée en 1969 aux Etats-Unis, le deuxième film de Steven Spielberg était un des rares que je n’avais pas encore vu. Il me reste très peu de film à découvrir de celui que je considère comme mon réalisateur préféré et Sugarland Express est probablement une de ses œuvres les plus méconnues de sa filmographie. J’ai donc découvert avec une certaine curiosité ce deuxième long-métrage de la carrière du réalisateur culte et qui lui a d’ailleurs permis de remporter le Prix du scénario au 27ème Festival de Cannes en 1974. Et donc grâce à une histoire forte et tragique, qui s’inspire de faits réels, Steven Spielberg livre ce superbe road movie qu’est Sugarland Express qui se déroule sur les routes du Texas où un jeune couple s’entraîne dans une folle course poursuite en kidnappant un policier afin de rejoindre Sugarland pour récupérer leur jeune enfant qui leur a été arraché par les services sociaux. Et il est vrai que le style du réalisateur apparaît déjà à seulement son deuxième film avec ce rythme trépident, la mise en scène efficace, une belle bande-originale signée John Williams, la gestion d’un petit suspense vers la fin, cette émotion lié à la famille et ici à l’histoire de deux parents un peu paumés qui cherchent à repartir à zéro avec leur fils, quitte à enfreindre la loi et risquer leur vie dans cette course vers un éventuel nouveau départ. Le film possède quelques beaux moments notamment dans l’évolution de la relation entre le couple Poplin et le policier Maxwel Slide qui s’attache petit à petit au jeune couple après un rapport basé sur la peur et la nervosité. De plus, cette course poursuite très bien filmée par Steven Spielberg qui oppose au départ seulement quelques voitures de police à celle regroupant notre duo à la Bonnie and Clyde (car oui on pense tout de suite au célèbre duo de gangsters qui a été interprété au cinéma par Faye Dunaway et Warren Beatty dans le film d’Arthur Penn), se transforme rapidement en une énorme poursuite sur les routes du Texas avec des centaines de voitures, aussi bien de la police que des civils, et un véritable voyage émerge avec un message de soutien de la part des populations locales qui encouragent le couple à récupérer leur enfant. Cela peut paraître étonnant de voir une telle approche dans le film, car à la base ce sont deux criminels qui ont tout de même pris en otage un officier de police, mais ce mouvement populaire change quelque chose dans le film, comme si les parents méritaient vraiment de récupérer leur enfant après tout ce qu’ils ont fait de mal ou d’illégal dans leur vie. Le film peut être vu d’un certain côté comme une sorte de soutien à l’action de ces deux individus, mais je ne crois pas que cela soit l’objectif et l’intention de Spielberg de légitimer leur action et de contredire d’une certaine manière l’action des services sociaux qui ont pris l’enfant pour le mettre dans une autre famille en montrant tout ce mouvement populaire qui soutient les Poplin, mais le réalisateur s’intéresse plutôt à reconstituer un dramatique fait divers ave efficacité tout en y incorporant une belle émotion et tendresse. Accompagné de trois bons acteurs principaux en les personnes de Goldie Hawn, William Atherton et Michael Sacks, Steven Spielberg livrait donc en 1974 un très bon deuxième film et une belle démonstration de son talent pour son premier passage au cinéma avec Sugarland Express, une première œuvre purement cinématographique très efficace et prenante, et surtout loin d’être ridicule et oubliable dans sa filmographie. Quand on pense qu’un an après ce petit road movie passé inaperçu, le réalisateur reviendra en force avec Les Dents de la Mer, l’un des premiers blockbusters de l’Histoire du Septième Art qui contribuera à la fin du Nouvel Hollywood et qui lancera définitivement la brillante carrière du metteur en scène. Mais n’oublions pas que les vrais débuts de Steven Spielberg, certes encore timides et insignifiants sur le box-office, furent bel et bien avec l’épatant Duel (qui est même plus célèbre que le film dont il est question ici) et le très intéressant et efficace Sugarland Express.