Curieux film que ce « Big Fix » assez ambitieux, évoquant avec pas mal de talent une période instable, pleine d'engagement de la part d'une jeunesse américaine encore très marquée par la guerre du Viêt Nam. Cette question de l'engagement est d'ailleurs abordée avec une belle sensibilité, entre nostalgie et pessimisme, par un Jeremy Kagan croyant manifestement en son sujet et trouvant un interprète de grande qualité en la personne de Richard Dreyfuss, entouré par des seconds rôles de talent toutefois insuffisamment exploités pour la plupart. Visuellement plutôt réussi, le récit se double assez rapidement d'une enquête « policière » très politique, offrant certains rebondissements inattendus, dont
l'assassinat assez brutal d'un personnage important
, intervenant assez tôt.
Le problème, c'est que tous ces éléments réunis ont tendance à se répercuter sur le scénario, loin d'être toujours clair (euphémisme), se ressentant parfois sur notre intérêt et notre implication. Trop touffu, trop de directions, trop de fausses pistes... Si l'on en comprend les (très) grandes lignes, la manière de le mener laisse nettement plus dubitatif. Après, ne serait-ce que pour cette photo d'une époque semblant, hélas (du moins à certains égards), bien lointaine et ce propos volontiers mélancolique sur les idéaux perdus, « The Big Fix » reste une œuvre honorable, trop confuse pour obtenir un statut plus élevé, mais attachante.