Aïe ! Le 6e continent s’inscrit dans la veine très à la mode à l’époque des films d’aventure exotique placés sous le signe de la préhistoire. Moi j’aime bien ça, mais c’est pas toujours une réussite ! Déjà, le film commence pas très bien, car l’on a le droit à une succession de mutineries à bord d’un sous-marin. A la première on s’enthousiasme, à la deuxième on dit ok, à la troisième on se dit « bon c’est quand qu’on passe à autre chose ? ». D’autant que le film est déjà arrivé à son tiers et que l’intrigue proprement dite ne s’est pas encore mise en place. D’un autre côté, on commence à voir quelques bons côtés, notamment une réalisation plutôt correcte qui arrive assez bien à masquer le manque de budget criant de la production. Côté casting, je retiens John McEnery, qui vole clairement la vedette à un McClure un peu bovin.
Puis le film arrive sur ce fameux 6e continent. L’arrivée est d’ailleurs plutôt bien fichu, là encore grâce à la mise en scène qui donne le change et à quelques décors soignés. Et c’est là que ça commence à partir en cacahuètes ! Déjà, formellement, si les décors passent encore, désolé, mais les effets spéciaux c’est non ! Ca suinte le plastique, les ptérodactyles c’est des pantins au bout de fil de pêche, les styracosaures sont littéralement en plâtre, les t-rex des marionnettes à roulettes, ils n’ont quasiment aucune animation, et les cris sont loufoques. C’est là où on sent l’importance d’un Ray Harryhausen aux commandes, sinon, on se retrouve avec ces effets spéciaux invraisemblables, même en 1974. Forcément, ça accentue complètement le degré de nanardise de l’ensemble, et c’est dommage, car Kévin Connor arrive assez bien à créer de beaux plans. Le passage apocalyptique, sur la fin, a par exemple une vraie gueule.
Evidemment, qui dit film préhistorique de cette époque dit hommes préhistoriques. Les maquillages sont honorables, par contre faut avouer que le jeu d’acteurs ne vole pas très haut ! La présence de ces hommes préhistoriques est l’occasion de développer un scénario pseudo-scientifique franchement intéressant au début, mais à la conclusion grotesque que je n’ai d’ailleurs pas compris ! Il y est question d’œufs et de femmes qui se baignent, mais je vous laisse découvrir ! Ce qu’il faut comprendre, c’est que le métrage cherche péniblement à nous justifier la présence d’espèces d’époques différentes sur un même territoire, alors que vraiment on en avait pas grand-chose à faire ! Le rythme du film est correct, c’est déjà ça, mais il faudra pas être trop regardant sur les invraisemblances, et notamment de position géographique.
Pour ma part, ce 6e continent fait partie des films d’aventure bas de gamme qui essayent de marcher sur les traces des classiques du genre. Pourtant adapté de Burroughs, le film peine, tant sur la forme (surtout côté créatures), que sur le fond, avec une intrigue minimaliste et une dimension survie qui ne s’installe guère tant on a le sentiment que c’est une colo de vacances ce continent. Plutôt bien mis en scène, doté de quelques décors de qualité, pas trop mal rythmé, parfois rigolo malgré lui, le film n’est pas immonde non plus (sauf les créatures !), mais il est très dispensable. Il a quand même donné lieu à une suite que j’essayerai de voir en espérant qu’il soit plus racé. 2