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il_Ricordo
103 abonnés
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5,0
Publiée le 5 février 2012
"C'est l'histoire de deux hommes qui se rencontrent dans une république babanière. L'un des deux a été honnête toute sa vie durant, à l'exception d'une minute insensée. L'autre a été malhonnête toute sa vie, à l'exception d'une minute insensée. Tous les deux ont dû s'exiler." Cette phrase ironique donne le nom de la comédie (mais en est-ce une ?) de Preston Sturges, l'une des plus sombres et des plus mordantes. Scénariste passé à la réalisation, Sturges se fait le spécialiste de films sophistiqués. Ses personnages de The Great McGinty sont particulièrement recherchés. Sturges part d'une histoire invraisemblable : un clochard devient maire puis gouverneur en quelques mois. Mais cet homme, apparemment avili jusqu'à la moelle et sans foi ni loi, ne tardera pas à éprouver un dégoût pour ce qu'il a été, et cherchera à rejoindre le droit chemin, ce qui, on n'en doute pas, sera à l'origine de son déclin. Et sa chute sera aussi imprévisible et prompte que ne le fut son ascension. Comme dans ses comédies désopilantes, Sturges plaisante de l'institution du mariage, de la vie des riches, du caractère embarrassé des hommes, de leur inaptitude à affronter l'imprévu. Les grands de ce monde ne sont que des gamins qui passent leur temps à se disputer pour les pires futilités. La conclusion, loin d'être aussi pessimiste qu'on serait tenté de le prévoir, annonce que ses personnages ne sont décidément pas prêts de changer. Gouverneur malgré est l'une des plus belles réussites de Preston Sturges.
Beaucoup moins idéaliste qu'un Frank Capra mais beaucoup plus lucide, c'est avec ce portrait désabusé du monde de la politique américaine que Preston Sturges a débuté dans la mise en scène après avoir été un des meilleures scénaristes d'Hollywood. L'ironie qui pointe de ce film, à savoir un homme politique qui voit sa carrière politique gâchée parce qu'il a fait preuve d'un moment d'honnêteté, n'est pas sans faire penser à Sacha Guitry et à son "Roman d'un tricheur" dont Sturges s'est visiblement inspiré pour cet aspect. A raison par ailleurs car il faut le reconnaître que "Gouverneur malgré lui" est très brillant film remarquablement bien écrit et réalisé aussi où les hommes politiques ressemblent plus à des gangsters. Seul l'humour "rachète" un peu le cynisme qui domine le film. Le film permet aussi à des acteurs habituellement de seconds plans comme Brian Donlevy, dont c'est certainement le plus grand rôle, et Akim Tamiroff de prouver toute l'étendue de leurs talents. A voir absolument.