Alors qu’il est devenu l’un des patrons d’Hollywood, Spielberg enchaîne, à partir des années 90, de gigantesques machines qui, sur le terrain du blockbuster (Indiana Jones, Jurassic Park), de la SF (A.I., Minority Report) ou du grand film historique (La Liste de Schindler, Le Soldat Ryan) accumulent les succès, son projet sur Catch me if you can peut ressembler à une savoureuse récréation.
Le superbe générique d’ouverture en animation, accompagné d’une bande son jazzy qui ouvre le répertoire traditionnellement symphonique de John Williams donne le ton : la comédie policière, un jeu de chat et la souris fondé sur la bienveillance et la tendresse à l’égard de ses personnages.
Il faut dire que le protagoniste dont le récit adapte ici l’histoire vraie a tout pour plaire : escroc juvénile capable de changer de métier comme de ville, faussaire de génie au bagout hors pair, c’est le charme incarné au profit d’une criminalité on ne peut plus romanesque. L’occasion pour Leonardo DiCaprio, la même année que Gangs of New York, de franchir un nouveau pallier dans sa carrière, puisque l’incarnation d’un comédien professionnel va mobiliser chez lui une malice et une maturité nouvelles, outrepassant largement ses atout jusqu’ici largement exploités de beau gosse.
Sur un rythme enlevé, la course-poursuite ménage un sémillant duel générationnel entre le jeune facétieux et le rigoriste policier, un Tom Hanks lui aussi parfaitement à l’aise. Le charme du récit provient bien entendu de son imagerie glamour, reconstitution d’une époque, où l’on peut défiler avec des hôtesses, piloter des avions ou se faire passer pour un médecin en se nourrissant de séries télévisées, reflet de l’insouciante des trente glorieuses, le plein emploi et les promesses de la société de consommation.