Digne de ce que Steven Spielberg a pu faire de meilleur dans sa carrière, "Arrête-moi si tu peux" respire à pleins poumons l'énergie et l'enthousiasme, mais aussi la mélancolie et témoigne d'une certaine sincérité de la part du réalisateur qui ne se noie pas dans les bons sentiments, on sent une implication émotionnelle toute autre que "Le Terminal" ou "Cheval de Guerre" qui place celui-ci un cran au-dessus. Ce personnage dans lequel Spielberg semble se retrouver c'est Frank Abagnale Jr. (Leonardo DiCaprio, avec toute la justesse qu'on lui connait), un jeune adolescent issu de la petite bourgeoisie middle-class qui, lorsqu'il voit son cocon familial s'effondrer de par les soucis d'argent de son paternel et le divorce de ses parents, décide de voler de ses propres ailes. Passé maître dans l'art subtil de l'escroquerie, il jongle avec autant de balles qu'il multiplie les fausses identités et professions: co-pilote, médecin, professeur d'université...ajoutez à cela les quelques millions détournés et Frank a vite fait d'entrer dans le collimateur du FBI et tout particulièrement d'un homme: l'agent Carl Hanratty (Tom Hanks fidèle à lui-même), qui en fait pour x raison une affaire personnelle. Le réalisateur adore mettre constamment en parallèle la vie de Frank, vivant au jour le jour, cueillant les roses de la vie tout en culbutant le système, bref pété de thunes comme pas permis, et celle de Carl, intègre et entièrement dévoué à son boulot, mais ayant souvent du mal à joindre les deux bouts. Là où les deux hommes se rejoignent, c'est dans le sentiment de solitude qui pousse l'un à avoir besoin de l'autre comme pour donner un sens à sa vie. Un jeu complexe du chat et de la souris dont certains se lassent, pas moi. Mais aussi une relation peu commune qui porte bien le récit et sert un propos intéressant, une critique du rêve Américain certes déjà-vue maintes fois mais qui fait toujours réfléchir. L'interprétation n'accuse aucune bavure, mention spéciale à Christopher Walken qui apporte une puissance émotionnelle à chacune de ses apparitions. Faire passer DiCaprio pour un gamin de 16 ans parait ridicule, mais le film en joue régulièrement lui-même si bien que l'on finit par y croire. Spielberg sait parfaitement jouer de la suspension d'incrédulité comme ses meilleurs films le prouvent. Et John Williams là où l'on ne l'attendait pas du tout, livre des compositions jazzy qui, couplés au graphisme tout particulier, contribuent grandement à rendre ce générique emblématique. Ses musiques ne se content pas d'accompagner l'action, elles restent bien en tête. A la fois drôle, émouvant, énergique et diablement prenant, et ne se reposant pas sur la mention "inspiré de faits réels" pour rendre son intrigue intéressante, ce film vaut définitivement le coup d’œil.