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Davidhem
114 abonnés
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5,0
Publiée le 18 avril 2012
Après avoir visionné un tel film, on reste sans voix! Elio Petri nous livre un réquisitoire féroce contre les hommes puissants de la police. Gian Maria Volonte livre ici sa prestation la plus violente, la plus enragée, la plus cynique, la plus malhonnête, la plus charismatique de sa filmographie. Il faut avouer que le réalisateur lui offre un rôle en or, lui qui aime jouer le rebelle, il trouve ici une occasion de montrer le système scandaleux, immoral et corrompu du corps de la police en Italie. On apprend ainsi que chaque citoyen est fiché, peut être écouté à n'importe quel moment et peut servir de bouc émissaire à tout instant selon ses activités. Le film raconte l'histoire d'un homme puissant dans le monde de la police qui se permet toutes ses fantaisies, l'apogée étant pour lui de commettre un crime, de faire peser toutes les preuves contre lui-même afin de prouver que le système même s'il sait qu'il est un meurtrier fera tout pour étouffer l'affaire afin de le rendre toujours intouchable. Ce long-métrage est donc une façon d'illustrer à quel point le pouvoir peut rendre un homme fou et décadent, à quel point il peut en arriver à se payer la tête de tout le monde y compris des journalistes et de ses propres collègues. Gian Maria Volonte incarne un homme torturé dans le sens où son pouvoir ne lui a pas permis d'impressionner la femme qu'il aimait. Le mépris de cette femme envers lui, elle qui ne cesse de le provoquer, de le rabaisser, de le pousser dans ses retranchements là où personne n'aurait osé le défier l'a rendu au fil du temps complètement masochiste. Il fréquentait cette femme pour être humilié, pour être ridiculisé, pour qu'il se sente au niveau où il croit être. Sa fascination pour la résistance de cette femme lui vaut de devenir au fil des jours un homme qui perd sa confiance, qui perd sa virilité, qui perd ses vertus, qui s'abandonne au vice bref un homme qui sombre totalement dans une grave dépression. Le scénario est riche en profondeur, la psychologie du protagoniste est très bien analysée, la réalisation est flamboyante avec une musique très stridente d'Ennio Morricone. Au final, Elio Petri nous sert un film parfait dans tous les domaines porté par un acteur au sommet de son art. Un chef-d'oeuvre!
Un film majeur du cinéma italien politique des années 70. Sujet passionnant brillament mis en scène et remarquablement interprété. Gian maria Volonte, cynique à souhait, est inoubliable, tout comme la musique, obsédente comme le film.
Un film qui démontre à quel point le cinéma italien a été une très grande chose. La fable d’inspiration kafkaïenne et décandentiste reste toujours d’une audace et d’une pertinence stupéfiantes, aussi bien au regard des violences et des manipulations politiques dans l’Italie de l’époque, que celles, mondiales, plus récentes. Gian Maria Volonte n’a sans doute jamais fait une prestation aussi extraordinaire, Ennio Morricone signe une de ses meilleures musiques. Classique indispensable.
Bonne surprise cinématographique que cette "enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon". Venu d'Italie, réalisé par un certain Elio Petri...honnêtement les seules références qui m'ont poussé à voir ce film sont l'acteur Gian Maria Volonté et la musique d'Ennio Morricone . Le premier est sans doute connu pour les amateurs de western à travers les deux rôles de méchants qu'il a joués pour Sergio Leone: Pour une poignée de dollars et surtout " Et pour quelques dollars de plus " avec le rôle d'El Indio. Gian Maria Volonté, c'est aussi le film " Sacco et Vanzetti " pour lequel il joue le second, à savoir un vendeur de poissons incarcéré injustement pour ses idées anarchistes et condamné pour un braquage qu'il n'a pas commis. Ce film est tout simplement l'un des plus nécessaires réquisitoires contre la peine de mort ainsi que la xénophobie ( à voir absolument ) . Volonté, c'est également le biopic ( un peu ennuyeux il faut dire ) sur les derniers instant de Lucky Luciano et c'est aussi un film en dehors d'Italie avec Le cercle rouge de Melville pour lequel il partage l'affiche avec Alain Delon, Bourvil et Yves Montand ( rien que ça). Voila pour le peu de sa filmographie que je connaisse, au final Gian Maria Volonté est peut -être , à mon avis, l'un des meilleurs acteurs italien de sa génération. La seconde référence, c'est Ennio Morricone , pourquoi présenter l'un des meilleurs compositeurs du monde ? Alors avec ses deux références, c'est avec surprise et joie que je constate la qualité d'un superbe satire sur le pouvoir politique. Malgré ce que pourrait laisser supposer le synopsis, Enquête au dessus d'un citoyen de tout soupçon est loin d'être un film policier, plutôt une comédie grincante, féroce et noire sur la corruption et la discrimination d'un pouvoir politique italien dont la paranoïa cohabite avec le fascisme . Sorti en 1970 et tourné en 69, le film se situe temporellement et politiquement dans la vague de mai 68. la contestation en Italie bat son plein, et au milieu de tout cela, Gian Maria Volonté joue un personnage anonyme mais puissant, symbole de pouvoir et d'autorité. L'acteur livre sans doute son meilleur rôle, un rôle de composition poussé à outrance, ou verbalement et expressionnellement Volonté fait montre d'un talent inattendue, surtout pour un acteur qui a su interpréter des rôles avec une juste sobriété. La première raison pour voir ce film est donc la performance de Volonté ( il fait preuve de bonne volonté ah ah ah ...) , a ce titre, je voudrais citer des paroles du critique Fabio Ferzetti qui souligne qu'une performance d'acteur peut donner à une oeuvre un caractère moderne et éternel, il parle bien évidemment d' "Enquête..." et on ne peut que lui donner raison. Il faut aussi souligner le jeu de Florinda Bolkan, très belle actrice latino qui joue un rôle plutôt ambiguë avec une certaine dose de sado-masochisme . Le film en lui-même est ambiguë , c'est une satire qui prend des détours parfois cauchemardesques et cruels pour envenimer son enjeu. Le film a eu par ailleurs une réputation plutôt sulfureuse à sa sortie , des membres du staff ont notamment eu peur de certaines représailles politiques. Le contexte est déja assez fort. La mise en scène accentue cette pression en multipliant les très gros plans sur les visages et les gestes, la satire est donc accentué par un effet "loupe" de bon ton qui associé à une véritable force verbale donne une ambiance ambulante à l'oeuvre. Curieux, féroce, drôle et remarquablement joué, " Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon" est l'un de ces quelques exemples magistralement réussis de la satire au cinéma. A voir absolument !
Une fable absolument amorale! Une relecture intéressante du Procès de Kafka! On est saisi par l'immersion et le réalisme de ce scénario toujours aussi intelligent même 40 ans après! Gian Maria Volonte semble habité par son personnage torturé et torturant. Et même si le style vieillissant des années 60-70 est omniprésent dans l'architecture et les costumes, la mise en scène et la musique sont intemporelles!