Votre avis sur Ombres au paradis ?

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Publiée le 28 octobre 2023
Premier opus de sa tétralogie dite " des travailleurs", ( le quatrième " les feuilles mortes" a été présenté en CO à Cannes 2023) " ombres au paradis" comporte déjà les ferments de ce qui donnera naissance au style inimitable du cinéaste finlandais A Kaurismaki.

A travers l'histoire de la rencontre entre une caissière et un éboueur d'Helsinki, Kaurismaki présente les éléments scénaristiques qu'il reprendra à l'envi.

La solitude, la rudesse et l'injustice du marché du travail, le monde ouvrier, l'agression dans la rue, le séjour à l'hôpital, l'amitié, la loyauté de classe, la consommation immodérée d'alcool, les bars, la volonté de monter sa propre affaire, les chansons populaires dont les paroles illustrent le climat et l'intériorité des personnages, le blues, le rockabilly américain.

Ici les codes formels ne sont pas encore totalement fixés ( le jeu de couleurs choisies parmi des teintes éclatantes, le mobilier intérieur constitué d'équipements anciens - téléviseurs fatigués, tourne disques premier prix, disques vinyles sans pochette) même si on en trouve la trace ici ou là.

Il reste aussi la photo et l'éclairage dont on perçoit la pente qu'ils prendront dans la suite dans la suite de la filmographie du metteur en scène.

" Ombres au paradis" réserve une fin ouverte et optimiste, Kaurismaki est alors encore jeune et l'espoir toujours présent sert à lutter contre l'adversité, à ne pas tomber dans la mélancolie la plus totale.

Le casting de cet opus ( un des premiers du cinéaste) permet de retrouver l'égérie du cinéaste Katti Outinen et de l'acteur masculin Matti Pellonpaa, qu'il emploiera pendant plusieurs opus avant sa disparition prématurée.

A mes yeux, on a ici affaire à un des titres les plus réussis d'un cinéaste que la filmographie place dans les sommets du septième art de ces trente dernières années.
3,0
Publiée le 4 mai 2020
Faussement désabusé : voilà comment est l’Homme chez Kaurismäki. Moins Nouvelle Vague que son Calamari Union, c’est un film identique quoique moins étendu (même blasement, mêmes échappatoires dans le divertissement, même obsession pour la langue anglaise & l’Estonie), mais les valeurs de cette nouvelle œuvre ne sont pas là : elle décortique quelques quotidiens sous des angles davantage individuels dont l’écho n’est pas comparable.

En fait, c’était plutôt ambitieux de faire cette translation de l’action sociale, chère à Kaurismäki, vers le ressenti individuel. Qu’à cela ne tienne : pour lui, l’individu n’existe pas en lui-même, puisqu’il n’a de sens que dans son cadre social. Alors si on le regarde de près, tout ce qu’on voit est un zombie amorphe qui ne s’exprime que par gestes : votre écran n’est pas déréglé, c’est normal !

En effet, c’est autant par le finnois que par le langage corporel que les personnages se font connaître, comme si leurs personnalités réprimées étaient obligées de communiquer en code. Ce qui semble manquer au prolétariat de Kaurismäki, c’est une pression sociale, quelque chose qui justifierait le vide laissé dans l’existence finnoise par la déchirure entre Europe & ex-URSS : on avale des nuages de fumée comme si l’on jalousait l’air lourd des uns & l’on mimétise les codes sociaux slaves pour se donner une contenance. Mais l’identité finlandaise est ailleurs.

Sous le regard de Kaurismäki, la Finlande est immature (l’individu – reflet de son cadre social, nèspa – vole de l’argent à son jeune enfant comme si le pays dérobait son identité à son propre avenir) comme une nation qui ne sait pas qu’elle est jeune. En bon parent, Kaurismäki ne le lui dit pas : il lui fait comprendre. Du moins, il essaye.

→ https://septiemeartetdemi.com/
3,5
Publiée le 1 novembre 2018
Depuis 1986, Aki Kaurismäki assure la « qualité de l’enlèvement des ordures » et prône de vivre de « small potatoes ». Ses personnages, simples ouvriers, ont l’irrépressible désir de quitter la Finlande pour des horizons plus doux. Dans les faits, c’est un retour systématique sur les lieux du méfait qui se produit.
La chronique mise en images dans Ombres au paradis gravite autour d’un personnage toujours armé de mauvais arguments. La lutte anonyme de Nikander (Matti Pellonpää) est symbolisée par son refus de dévoiler son prénom y compris à Ilona (Kati Outinen) son amoureuse.
Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
5,0
Publiée le 23 mai 2020
Le premier chef-d’œuvre d'Aki Kaurismaki, celui qui révèle le couple de comédiens avec qui il tournera la plupart de ses films suivants. Leur jeu minimaliste donne paradoxalement beaucoup d'intensité à leurs rapports, l'émotion naissant d'une ébauche de sourire ou d'un geste avenant, sans crier gare. Pour cette raison, la scène où les personnages échangent un long baiser dans l'appartement de Nikander alors qu'Ilona sort de la salle de bain est fort belle.
Ajoutons que la BO convoque quelques figures du rock'n'roll et du blues particulièrement bien venues (John Lee Hooker, Albert Collins...).
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