Blanche Neige, la Suite : les secrets du tournage

La genèse de Blanche-Neige, la suite s'est effectué sur près... d'un quart de siècle ! Au début des années 80, alors que La Honte de la jungle et Le Chainon Manquant lui ont apporté la gloire, le dessinateur Picha a déjà le furieux désir de s'attaquer à sa manière au mythe de Blanche-Neige. Son projet s'intitule alors Scandale au pays de Blanche-Neige. Mais il s'embarque dans une intrigue trop alambiquée et met ce travail de côté pour réaliser Le Big Bang. A la fin des années 90, le projet remonte à la surface, avec cette fois le titre L'Affaire Blanche-Neige, mais Picha ne trouve toujours pas le bon angle d'attaque et il faudra finalement attendre 2007 pour que se dévoile sur les écrans sa relecture osée du conte, désormais intitulée Blanche-Neige, la suite. Car Picha a trouvé comment raconter autrement cette histoire connue de tous : "L'histoire se termine sur "Ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Moi je voulais savoir ce qui se passait au lendemain du mariage."

Les deux voix principales de Blanche-Neige, la suite, celle de Blanche-Neige et du Prince Charmant, sont assurées par l'actrice belge Cécile de France et le comédien français Jean-Paul Rouve. Un choix parfaitement logique pour cette production franco-belge.

Cécile de France et Jean-Paul Rouve ne tarissent pas d'éloges sur le dessinateur Picha. Pour la première, "Il est à part. Il y a de l'audace, du piment, de l'inventivité dans ce qu'il fait. C'est un artiste à part entière, il est unique au monde. Et puis il est belge, je m'y retrouve parce qu'on a le même humour, les mêmes racines, on se comprend, il n'y a pas de chichis entre nous." Quant à Jean-Paul Rouve, il déclare : "Je savais qu'il avait bouleversé les règles du film d'animation, qu'il avait un sens de l'humour assez provocateur, un peu anarchiste. Ca me plaisait, forcément."

Avec le point de départ du lendemain du mariage entre Blanche-Neige et le Prince Charmant, Picha, qui avait posé les bases de Blanche-Neige, la suite avec Jean-François Henry, décide de travailler à nouveau avec le Britannique Tony Hendra, qui avait scénarisé avec lui Le Chainon Manquant et Le Big Bang. Il raconte que cette nouvelle collaboration s'est effectué de manière plutôt originale : "Tony Hendra, un British dingue de la France, ne travaille du chapeau qu'à Pamiers, aux pieds des Pyrénées, là où il a acheté une maison. J'ai donc mis mes bottines de montagne, empaquetté mon story-board et mitonné mon script dans l'Ariège au son des grillons. On a pratiquement tout écrit là-bas. On faisait de longues balades créatives dans la montagne. C'est bien, ça permet de réfléchir et de ne pas s'engueuler trop vite."

Le dessinateur Picha a longtemps buté sur la manière de détourner le conte de Blanche-Neige. Il a fini par parvenir à ses fins, en "malmenant" notamment le Prince Charmant. Sur sa relecture du mythe, Picha raconte : "On s'est dit qu'on allait faire parler le Prince Charmant. Dans les trois premiers films de Disney, on a l'impression que le Prince Charmant est le même, il n'a jamais un mot dire et quand il parle on ne retient pas une phrase de ce qu'il dit. Ensuite, je voulais faire intervenir la Belle au Bois Dormant et Cendrillon, mais je n'arrivais pas à trouver comment. A partir de l'instant où on s'est dit que la Bonne Fée, qui n'était qu'un personnage secondaire, tombait amoureuse du Prince Charmant, tout s'est simplifié, puisque c'est elle qui fait apparaître les personnages. La voix off, on en a eu l'idée au sommet d'une montagne. On s'est rendu compte qu'elle était nécessaire parce qu'elle remet tout en question, ça aidait la narration du film."

C'est l'excentrique chanteuse française Anaïs qui interprète les chansons de Blanche-Neige, la suite. Picha ne tarit pas d'éloges sur l'une des valeurs montantes de la chanson hexagonale : "Elle est très demandée, j'ai appris qu'elle refusait beaucoup de choses, mais j'ai eu de la chance : son manager est fan de ce que je fais, ça aide. Elle a accepté tout de suite, elle trouvait que l'esprit du film lui correspondait. Elle est comédienne dans l'âme, elle a aussi ce sens de l'autodérision que je recherche et elle a fait un boulot formidable, alors que ce n'était pas forcément évident."