Tom Berenger, s'il n'a jamais eu de carrière digne de ce nom, était synonyme dans les années 90 de bon acteur de série b; disons qu'on était rarement déçus de films dont on attendait peu, sans parler de la surprise que certains pouvaient nous assener (Sniper reste un bon divertissement surprenant, par exemple).
Arrive Le Dernier Cheyenne, sorte de western contemporain méconnu qui m'intriguait étrangement. Au final, on y tient un petit divertissement sympathique mais peu marquant (si ce n'est pour quelques répliques), qui même s'il est un bon passe-temps peine à se démarquer des autres westerns dramatiques.
La faute à une mise en scène pataude et molle, principalement. Le travail de Tab Murphy, habituellement scénariste de films d'animation dont le dernier travail en date remonte au Batman : Year One de 2011, tombe bien trop souvent dans une convention visuelle malvenue ; c'est plat, banal et vide, sans grand esthétisme particulier. L'on y trouvera certes quelques belles images, un ou deux plans larges qui flatteront la rétine, mais que sont ces quelques exceptions quand le rendu global est d'une décevante banalité?
Parce qu'au final, aussi bon scénariste qu'il soit (Tarzan et Le Bossu de notre dame attestant de son talent), Murphy n'a rien d'un réalisateur; et ce n'est pas pour rien qu'il signera là son seul poste en tant que directeur de plateau, retournant prestement faire ce qu'il savait faire de mieux, écrire l'intrigue plutôt que la mettre en image.
Plein de bonne volonté, il tente pourtant de faire de son film une belle histoire d'amour et d'amitié, mais ce serait oublier cette mise en scène sans aucun rythme que de dire que l'on se prend facilement dans l'histoire. Tab ne sait pas comment rythmer une scène d'action, un accident, un malencontreux évènement qui se produirait sur la route; voir la mollesse de la scène où Berenger, fuyant dans la forêt, percute un arbre avec sa tête comme s'il coupait du beurre avec un couteau à bout rond, a quelque chose de traumatisant.
Parce qu'on se retrouve à suivre d'une oeil discret une histoire qui avait tout pour devenir un grand drame : ses personnages contraires s'attirent dans un jeu de charme sous-jacent (quand les références faîtes au fat de se balader à poil le matin ne sont pas faîtes, bien entendu) et connaissent un très bon développement de leurs personnalités, les thèmes rebattus sont profonds, intéressants et bien traités, encore que l'on y trouvera une drôle de vision manichéenne des choses.
C'est là que vient le dernier point perturbant de ce Dernier Cheyenne : si Tab Murphy était alors habitué à écrire des histoires de dessins animés principalement destinées aux enfants, cela se ressent dans la construction du récit, dans son évolution et sa conclusion. Alors qu'il commence comme un thriller à suspens, avec des échos d'un certain Predator, le film perd petit à petit de son atmosphère oppressante pour se muter petit à petit en un conte intemporel certes beau et plaisant, mais non moins naïf et prévisible.
Les leçons de vie restent belles, les preuves d'amour et d'amitié aussi, mais l'on ne pourra s'empêcher de penser que le film, loin du western contemporain matûre et intense qu'il laisse penser être, est au final une histoire pour les gosses qui fera certes rêver les enfants, mais ne convaincra que peu de spectateurs habitués à ce genre de divertissements. Une belle morale, une belle leçon de vie gâchée par son rythme bâtard et la mollesse de son intrigue. Reste le plaisir de voir un joli duo (Berenger et Hershey se complètent très bien) agrémenté d'un humour habile et relaxant.