Miroir, mon beau miroir ...
Prince des ténèbres a beaucoup de points communs avec The Thing, comme le huit-clos, le parasite qui va d'hôte en hôte, certains visuels cauchemardesques, mais il est également différent sur beaucoup de points, principalement son cadre, The Thing se passait en Antarctique, alors que celui ci se passe dans une église. Le film est bon, et possède une ambiance qui lui est propre, porté par une musique presque omniprésente, qui donne tout son ton au film. John Carpenter arrive à créer des imageries dérangeantes, en utilisant certains codes connus des film d'horreurs, comme la présence en grand nombre d'insectes, qui rappelle Amityville, mais aussi d'autres plus inédits, comme le simple fait d'accrocher un pigeon mort sur un crucifix, ce genre d'image malsaines. Mais surtout, la peau de celle qui tente de faire venir le prince des ténèbres à la fin du film, dont le design est vraiment affreux.
J'avoue qu'on ne s'attache pas trop aux personnages, mais je ne pense pas que le film veuille qu'on s'attache à eux, la question n'est pas de savoir lesquels vont survivre, l'histoire surpasse les personnages, ils ne sont qu'un emballage. Le film est assez effrayant dans l'ensemble, grâce à certains visuels comme dit précédemment, mais aussi en montrant, par exemple, d'abord les personnages qui réagissent avant de montrer ce qui les faits réagir, sa augmente l'effet de surprise. Le film joue beaucoup sur la tension lente, voire l'absence d'action, comme quand Walter est enfermé dans le placard et qu'il voit Kelly se transformer petit à petit, pendant que les deux filles ne bougent pas. Autre exemple, on pourrait s'attendre à voire les SDF attaquer au bout d'un moment, mais non, leur présence sert juste à maintenir le huit-clos. J'attribue un bon point au film pour n'utiliser aucun screamer, preuve de maîtrise du réalisateur.
La réalisation sert souvent les moments horrifiques, en jouant par exemple sur le flou de l'arrière plan, ou sur les panoramiques pour dévoiler un élément caché. La caméra fait parfois des mises aux points d'un élément à l'autre, par exemple quand elle filme le petit miroir au sol, et fait soudain la mise au point sur le reflet dans le miroir, dévoilant le visage transformé de Kelly. On voit régulièrement les personnages de face, pour qu'on puisse voir par instant la menace venir de derrière. Mais la façon de révéler la menace n'est presque jamais la même, des fois la caméra fera juste une mise au point sur l'arrière plan, parfois la caméra va panneauter sur la gauche, parfois on verra juste quelque chose bouger dans le flou, bref, les combinaisons sont infinies, ce qui évite de rendre cela trop répétitif.
Excellente transition pour en venir aux quelques défauts du film, car le film utilise malgré beaucoup trop le même système pour contaminer les personnages durant la première heure du film, un personnage entre dans une pièce pour chercher quelqu'un, ce quelqu'un le contamine, et ainsi de suite. Les réactions des personnages sont parfois totalement invraisemblables, comme Walter, qui au bout de trois heures enfermées dans un placard à observer Kelly se transformer, et deux de ces amis qui l'observent sans dire un mot, ne comprend toujours pas que quelque chose cloche, et continue de ne rien faire et même de tenter de parler avec elles. Et il attend bien sûr qu'elles commencent à défoncer la porte pour commencer à creuser dans le mûr pour tenter de s'échapper. Et les contaminés qui semblent extrêmement puissants prennent trente minutes à détruire la porte. Et enfin, le second contaminé qui suit bien gentiment Catherine alors qu'elle ne lui répond pas. Ces quelques défauts l'empêchent d'en faire un très bon film.
Le rythme du film globalement assez lent, ce qui pourra sans doute causer de l'ennui chez certains. Le film installe son ambiance dès le début, avec presque dix minutes de générique entrecoupé d'images et de courtes séquences, couvert par la sublime musique de John Carpenter, cette séquence d'ouverture annonce le ton du film, et l'épée de Damoclès qui flottent au dessus de leurs têtes, et me rappelle beaucoup celle de Candyman, sorti quelques années après. Les plans à l'intérieur du miroir sont très beaux, principalement le dernier, que je ne spoilerai pas. La fin est d'ailleurs excellente, et rappelle un peu celle de The Thing, dans sa manière de nous laisser imaginer la suite. J'avoue ne pas voir bien compris le sens des séquences de rêves, et je pense que les comprendre offre sans doute des éléments de réponse sur la fin du film. Pour terminer, j'adresse une mention spéciale à Alice Cooper, qui est très cool dans ce rôle de sans-abris possédé.
Bref, j'encourage le visionnage de Prince des ténèbres, qui malgré quelques défauts non excusables, reste un bon film de d'horreur, à la soundtrack magnifique.