Considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre, Bagdad Café n’est pas un film si mémorable que cela. Franchement ce qui est le plus agréable dans ce film c’est son ambiance. Il y a un côté Arizona Dream dans ce métrage, mais en clairement moins efficace. Le rythme est quand même très mou, il n’y a pas vraiment d’histoire, juste des personnages un peu excentriques (mais pas non plus tant que ça) évoluant dans un huis clos sans grand rebondissement, surprise, ou moments forts. En revanche c’est sûr, l’atmosphère est prenante, la musique superbe, les images très jolies. Le réalisateur capte à merveille la lumière spéciale du désert, et livre une mise en scène assez originale pour éviter la fadeur, ce qui aurait, dans ce film sans grand moment, était très embêtant. Il y a une belle atmosphère et qui, probablement, au fur et à mesure que les années vont passer va devenir de plus en plus plaisante, car Bagdad Café cherche clairement à afficher une tonalité mélancolique, onirique, et en général, d’expérience, les films qui jouent sur ce registre se bonifient fortement avec le temps, même si ici ça n’enlèvera pas les défauts du métrage.
Visuellement réussi, doté d’une bonne ambiance mais manquant singulièrement de rythme et d’enjeux, Bagdad Café peut compter sur quelques bons acteurs, bien que les rôles finalement assez peu évolutifs et les situations un peu redondantes ne leur permettent pas toujours de s’exprimer au mieux. Marianne Sagebrecht tire son épingle du jeu dans le rôle principal, face à une CCH Pounder investie mais au personnage plus rigide et moins enthousiasmant. Autour de ce duo des personnages secondaires assez agréables, avec un Jack Palance un peu sous-utilisé tout de même.
Enfin pour être franc Bagdad Café est un film original mais on ne m’enlèvera pas de l’idée que c’est une sorte de sous-Arizona Dream. J’ai eu un sentiment de paresse devant ce film, plutôt bon, mais dormant un peu sur ses lauriers et ne sachant trop où s’acheminer. Un format plus court n’aurait peut-être pas été un mal. 3.