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velocio
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5,0
Publiée le 11 juillet 2007
Les films argentins du réalisateur uruguayen Adrian Caetano sortent dans le désordre, mais l'essentiel, c'est qu'ils sortent ! En effet, Caetano est vraiment un des réalisateurs majeurs du cinéma argentin actuel. 3 semaines après la sortie française de "Buenos Aires 1977", voici que sort (enfin !) ce qui est peut-être son meilleur film (encore que "l'ours rouge" était également excellent !), "Bolivia", présenté à La Semaine de la Critique Cannoise en ... 2001. Un film, malheureusement très universel, sur la difficulté d'être un immigré dans une capitale étrangère. Un film d'une très grande force, poignant mais sans pathos, un film qui marque les esprits et dont on ressort passablement bouleversé.
Minimaliste, la mise en scène pourra décontenancer (noir et blanc glauque, situations sordides non transcendées). Le misérabilisme du scénario pourra également décevoir mais le réalisateur a la politesse de ne pas dépasser les 1h15. A découvrir.
Ca, c'est du cinéma brut. Du cinéma qui ménage la forme et le fonds, d'égale importance, du cinéma qui a un sujet social à traiter et qui le fait sans complaisance. L'Argentine, le grand frère et l'"eldorado" des pays d'Amérique du Sud hispanophones, attire logiquement une immigration croissante des pays limitrophes. Mais elle est pourtant dans une situation de chaos social, et elle avale parfois ceux qui s'y aventurent. Avec une caméra qui filme dans un noir et blanc volontairement pas très net, comme pour rapprocher cette fiction d'un documentaire, il suit de près pendant une courte période quelques personnes qui travaillent dans un bar et les clients habitués. Habile, il décripte des attitudes et des profils certainement courants dans l'Argentine contemporaine. On sent la violence monter imperceptiblement, par des détails, des attitudes anodines, avant qu'elle n'explose. On a eu le temps de faire connaissance avec une travailleur clandestin qui semble se satisfaire d'un sort pourtant peu enviable, de comprendre que les trafics divers qui pullulent dans une économie en pleine crise attisent le racisme. La fin laisse peu d'espoir car, pour paraphraser le titre français d'un célèbre western, de la Bolivie à l'Argentine, "un homme est passé".
Film intéressant dans la forme (belle idée ce générique de début sur fond de match de foot), sur le fond (la difficulté d'etre un étranger dans une mégapole, la façon dont une vie peut basculer). le parti pris de réalisation peut agacer, mais la durée du film, très courte, est intelligemment choisie pour ne pas lasser.