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4,0
Publiée le 4 janvier 2023
"24 Heures chez les Martiens" (Rocketship X-M), film de S.F américain réalisé par Kurt Neumann, sorti en 1950. Un bon vieux film de SF d'après-guerre en noir et blanc. L'exploration spatiale devient un thème qui va prendre de l'importance dans la décennie 1950. Le premier satellite artificiel "Spoutnik 1" sera mis en orbite en 1957 par les soviétiques, Youri Gagarine sera le premier homme dans l'espace à bord du Vostok 1 en 1961. Voyages dans l'espace, exploration de mars et visites de martiens alimenterons la SF les décennies suivantes. "Rocketship X-M" pose ces thèmes, avec celui le plus important qui traverse la S.F américaine des années 50 et 60 : la guerre froide et le risque atomique. Un film à la réalisation classique, simple, calme, posé et lent. Un film reposant à regarder en V.O.
Bien sûr, il y a un côté simplet, il faut voir la dégaine de Llyods Bridges avec sa banane indécoiffable en dragueur impénitent. Mais le film a le mérite de rester adulte, d'éviter une fin sucrée et de proposer un message intelligent même s'il est complétement inutile. L'idée du passage en bistre rouge pour l'épisode martien est bien trouvée. La fusée n'est pas mal du tout et en ce qui concerne l'intérieur on comprend parfaitement où Hergé est allé chercher son inspiration… (Objectif Lune sera publié dans la foulée.) C'est un petit film, mais malgré ses défauts on ne peut que le trouver sympathique
L’intérêt de ce film réside dans son pessimisme liée au contexte de l’époque : en 1950, nous sommes en pleine Guerre froide et l’URSS vient de faire exploser sa première bombe atomique. D’où la psychose d’une guerre nucléaire dont les dégâts potentiels étaient alors connus de tous. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de dénoncer l’ennemi communiste mais d’alerter sur les conséquences d’une guerre dont l’humanité ne se relèverait pas. L’autre intérêt est l’illustration de l’engouement général pour cette nouvelle frontière qu’est la découverte spatiale, à travers l’expédition de scientifiques vers la Lune, dix-neuf années avant le programme spatial Apollon 11. On notera les nombreuses invraisemblances, les remarques sexistes, l’humanité martienne, l’apesanteur qui ne semble concerner que les objets, mais aussi la volonté d’expliquer les difficultés des futurs voyages spatiaux (énergie, oxygène), et la vision de Mars filmée avec de la pellicule sepia, qui est originale. On peut noter également l’inspiration d’Hergé et de son « On a marché sur la Lune » via ce film (habitacle, forme de la fusée, en fait un V2). Le final est aussi pessimiste que le message général. Ce film mérite d’être découvert.
Le titre "Vingt-quatre heures chez les Martiens" est assez amusant dans la mesure où le séjour du groupe d'explorateurs humains sur le sol de Mars ne dure à l'écran que dix-sept minutes sur les 1H17 du film ; le reste du temps, on les voit parler, réflechir, s'agiter, s'aimer et mourir dans la cabine de pilotage de leur fusée (voilà pourquoi le titre original, "Rocketship XM", soit le nom de la fusée en question, est bien plus en adéquation avec ce qui est montré que le titre français ; sinon, le film propose un rapport à l'autre, et plus particulièrement à l'autre communiste, moins agressif que dans "Les Envahisseurs de la planète rouge" où là, il fallait défoncer la gueule sans pitié à tout ce qui n'est pas comme moi ; dans "Rocketship XM", on juge les cocos avec la compassion hautaine de celui qui est persuadé d'avoir la vérité de son côté, en témoigne la réplique de l'un des explorateurs : "Plaignez-les car ils sont fous et désespérés" ; mais d'une manière générale, le film exprime surtout l'inquiétude provoquée par l'arme de destruction massive nucléraire qui, cinq ans plus tôt (le film est de 1950), montrait de quoi elle était capable ; "les grandes inventions du cerveau humain ont toujours servi à l'autodestruction", dira le même personnage, le philosophe du groupe).
Un curieux film, qui offre pour le spectateur contemporain un mélange de réalisme et d'invraisemblances ! Si l'on a du mal à croire qu'un vaisseau parti pour la lune puisse se retrouver sur mars, la difficulté et la complexité du voyage spatial y sont cependant abordées avec plus de réalisme me semble-t-il que dans la majorité des films de l'époque. Les effets spéciaux, en les replaçant dans leur contexte des années 50, ne sont pas mauvais ; ils se parent même, avec la patine du temps, d'une certaine poésie. Avec une fin finalement surprenante, ce film vaut le détour et pourra intéresser un spectateur curieux et quelque peu indulgent.