Il y a eu le Patton de Franklin Schaffner, La ligne rouge de Terrence Malick, Full metal jacket de Stanley Kubrick, le Platoon de Stone, l’Apocalypse selon Coppola, le Voyage au bout de l’enfer selon Cimino. Ils ont tous eu leur grand film de guerre, leur chef-d’œuvre martial les asseyant définitivement au panthéon hollywoodien. « Tous, sauf moi », a dû se dire Ridley Scott. Alors s’en vint La chute du Faucon noir. On ne parle pas là de lui, encore moins d’ornithologie, mais d’un hélicoptère d’attaque Sikorsky qui achemine les troupes vers la poudrière somalienne de la fin XXème siècle. On repère d’entrée le défaut majeur : la narration hésitante, qui tente d’abord toute une longue demi-heure d’introduire foule de personnages, jeunes rasés en treillis anonymes qui oscillent entre peur et furie incontrôlable, puis plonge brutalement dans un bain d’embuscades et de détonations ininterrompues. La rupture est trop sèche pour qu’on ne s’abandonne pas, sonné du feu d’artifice comme devant tout grand spectacle, ne cherchant plus où est l’allié, où est le traitre, lequel est juste et lequel conspire, quelles sont les raisons de l’un et les excuses de l’autre. Ils ne forment plus qu’une masse indistincte de pauvres inconnus, qui tombent sous les balles ou passent au travers, sans qu’on n’accroche à aucun destin, sans qu’on ne s’implique dans aucun de leurs sorts. Alors oui, le symbole est là ; mais pour qu’il fonctionne, il faut quand même être réceptif. Et malheureusement, ce qu’on retient, ce n’est au fond qu’un grand huit d’explosions diverses, efficace, certes, mais vu et revu – et souvent en mieux.