Après avoir connu un immense succès public et critique ainsi que la reconnaissance de l’Académie avec son inoubliable péplum Gladiator, le réalisateur Ridley Scott revenait en 2002 avec un film totalement différent, un film de guerre intitulé La Chute du Faucon Noir. Et encore une fois, le réalisateur britannique livre une œuvre puissante, aujourd’hui considérée comme l’un des meilleurs films sur la guerre moderne au cinéma. Le 3 octobre 1993, avec l’appui des Nations Unies, une centaine de marines américains de la Task Force Ranger est envoyée en mission à Mogadiscio, en Somalie, pour assurer le maintien de la paix et capturer les deux principaux lieutenants et quelques autres associés de Mohamed Farrah Aidid, un chef de guerre local. Cette opération de routine vire rapidement au cauchemar lorsque les militaires sont pris pour cibles par les factions armées rebelles et la population locale, résolument hostiles à toute présence étrangère sur leur territoire. Alors en pleine renaissance artistique à l’époque suite au sacre de son chef-d’œuvre Gladiator, lauréat de l’Oscar du Meilleur film et qui a révolutionné le péplum au cinéma dans le début des années 2000, Ridley Scott continuait sur une lancée pleine d’inspiration avec son film La Chute du Faucon Noir sorti en 2002. Il est vrai qu’avant Gladiator, le réalisateur britannique a connu quelques échecs avec des films comme Lame de Fond, A armes égales ou encore avec son ambitieux 1492 : Christophe Colomb qui ne fut pas le grand film d’aventure épique attendu. Et il y eu son péplum Gladiator qui permit à Scott de revenir sur le devant de la scène avec succès et talent en révélant définitivement l’homme qui deviendra son acteur fétiche, Russell Crowe. En réalisant La Chute du Faucon Noir, le réalisateur de Blade Runner et d’Alien, le Huitième Passager livrait l’un de ses meilleurs films et l’un des meilleurs films de guerre moderne du cinéma grâce à une réalisation de grande qualité et stylisée. Et oui car La Chute du Faucon Noir fut une véritable révolution dans la manière de filmer la guerre moderne au cinéma. Le film nous présente pendant une trentaine de minutes les éléments essentiels à la compréhension de l’intrigue du film avec d’abord le contexte historique de l’époque où en 1991, suite à la destitution du dictateur Mohammed Siad Barre, Ali Mahdi Muhammad lui succède mais le général Mohamed Farrah Aidid veut également prendre le pouvoir et la Somalie sombre ainsi dans une violente guerre civile et la famine va vite se propager dans le pays à cause du manque de moyens et d’aides financières. Une fois ces éléments historiques présentés, le film s’attarde sur le côté psychologique des soldats que nous suivront pendant les 2h20 de ce film de guerre totalement fou. On nous présente ensuite l’opération militaire qui vise à capturer les proches d’Aidid et tout le monde s’attend à une opération rapide, sans problème où tout les marines seront rentrés une heure après le succès de la mission. Mais la vérité historique prend ensuite le pas puisque cette bataille de Mogadiscio fut une défaite américaine, un peu comme avec la guerre du Vietnam. Et une fois passé tous ces éléments d’introduction à l’histoire du film, place à deux heures de combats acharnés et violents entre les soldats américains de la Task Force Ranger et les forces d’Aidid. Et là Ridley Scott nous emporte dans d’impressionnantes scènes de combats avec sa réalisation très réaliste et possédant un vrai style, dans le veine du documentaire tant c’est détaillé, avec des scènes de violences chocs, des fusillades de jour et de nuit intenses, des plans magnifiques comme ceux des hélicoptères américains, filmés au dessus des plages somaliennes en train de transporter les troupes juste avant les combats. On pense tout de suite à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola avec la fameuse scène de la Chevauchée des Walkyries et Ridley Scott s’offre ainsi sa scène de chevauchée avec des hélicoptères de combats, superbement mise en scène et qui apporte ce style moderne et puissant au film. La mise en scène détaillé de Ridley Scott permet ainsi d’être totalement immergé dans le film et l’histoire grâce à l’ambiance angoissante crée par le réalisateur où l’ennemi peut être partout, à chaque coin de rues, dans chaque maisons ou immeubles. La Chute du Faucon Noir est un film qui sent la sueur, la poussière, le sang et il a marqué le cinéma comme je l’ai dit pour sa manière de montrer la guerre moderne dans toute son horreur, sans doute le pilier du genre. Le film possède tellement un style propre à lui avec ses couleurs orangés, son ambiance où l’ennemi est partout et sa violence graphique choc, que certainement beaucoup d’autres films ou même des jeux-vidéos, comme la franchise Call of Duty, se sont inspirés des scènes de combats de ce puissant film de guerre qu’est La Chute du Faucon Noir. De plus Ridley Scott a rassemblé un casting de stars, pas encore énormément connues, mais un peut comme l’avait fait Steven Spielberg avec Il faut sauver le soldat Ryan où se retrouvaient beaucoup d’acteurs aujourd’hui très célèbres. Dans La Chute du Faucon Noir nous avons Josh Hartnett dans le rôle principal et ensuite une très belle galerie de seconds-rôles avec Ewan McGregor, Tom Sizemore, Eric Bana, William Fichtner, Sam Shepard, Orlando Bloom, Nikolaj Coster-Waldau et même Tom Hardy que je n’ai même pas remarqué dans le film, normal il jouait dans son premier film à l’époque. Accompagné d’une belle bande-originale, La Chute du Faucon Noir est pour moi l’un des meilleurs films de Ridley Scott, son seul film de guerre d’ailleurs. Réalisé d’une manière réaliste et stylisée, ce film de guerre est l’un des plus beaux et puissants que j’ai jamais vus avec Il faut sauver le soldat Ryan et Apocalypse Now. Jamais un film sur la guerre moderne n’a su s’élever aux côtés du film de Ridley Scott en terme de mise en scène, sauf peut-être un : l’excellent Du Sang et des Larmes de Peter Berg.