Nous étions soldats est un très bon film de guerre, malgré quelques petits défauts, qui l’empêche de siéger avec les meilleurs.
Je commence par le casting. Il est solide et convaincant. Emmené par Mel Gibson, ce-dernier trouve là un bon rôle qui lui sied à merveille. Il retranscrit très bien les émotions de son personnage, et même si parfois c’est un peu caricatural, ma foi il impose une présence forte et charismatique. A ses cotés, pas des acteurs très connus mais non moins engagés. Barry Pepper est tout à fait convaincant lui aussi, Sam Elliott, livre une prestation marquante en dépit d’un rôle assez discret. Dans l’ensemble il n’y a rien à redire, et il conviendra de ne pas oublier Madeleine Stowe.
Le scénario lui souffre surtout d’un propos parfois délivrer de manière balourde. Le problème numéro 1 de Nous étions soldats c’est le manque de finesse évident avec lequel il parle de la guerre et des problèmes de société de l’époque. Bien sur le film a aussi une ambition patriotique très marquée, pour ma part cela est un choix du réalisateur, je ne le jugerai donc pas, chacun appréciera ou non. Bien rythmé, jamais ennuyeux malgré sa longueur et assez peu répétitif finalement alors que l’essentiel du métrage est composé d’une bataille détaillée heure après heure, il est dommage que la fin soit expédiée. J’avoue ne pas avoir bien saisi pourquoi, alors qu’il semblait finalement bien peu difficile de déloger les vietnamiens, les américains ont attendu passivement la dernière extrémité pour se réveiller enfin. Peut-être la bataille c’est t’elle réellement conclue ainsi, j’avoue ne pas être un grand connaisseur de la guerre du Vietnam, mais cinématographiquement le rendu n’est pas vraiment concluant. Pour le reste, le film est très sérieusement documenté.
Sur la forme, Nous étions soldats est efficace. La mise en scène de Wallace est très méritante, d’une part car elle est de qualité, mais en plus se confronte à une affaire très corsée. Montrer une bataille de cinq minutes, un combat, ce n’est pas si difficile à filmer, mais lorsqu’il faut bosser sur des affrontements beaucoup plus longs, souvent peu graphiques car se déroulant à couvert, là il faut un sacré travail de mise en scène pour rendre l’effervescence la bataille, et maintenir l’intensité. Sincèrement Wallace s’en tire avec les honneurs. La photographie est elle aussi très convaincante, avec quelques plans remarquables, en particulier lors de séquences nocturnes fort réussies. Les décors naturelles sont accrocheurs, ils mettent dans l’ambiance et rendent l’histoire crédible, là-dessus aussi rien à redire. Les scènes d’action sont réalistes, toujours bien documentées comme l’ensemble du film, et elles sont très prenantes. Quelques unes sont particulièrement impressionnantes et réussies, notamment les murs de napalm enflammés. Je mets un bémol sur la scène de bataille finale, qui fait plutôt pitié pour sa part en comparaison avec le reste. C’est dommage. A noter que comme dans tout film sur la guerre du Vietnam, la violence est très graphique, et déconseille le film aux plus sensibles.
La musique enfin est très réussie, correspondant bien au style du film.
Pour conclure, un très bon film, qui souffre pour moi de deux défauts assez graves. Une certaine lourdeur dans son propos, cédant parfois à la facilité et une fin décevante qui tombe très brutalement de façon peu cohérente et fait pschitt par une séquence de bataille indigne du reste. Cependant, en dépit de ces deux défauts, le métrage est vraiment convaincant, et mérite d’être vu. Il faudra néanmoins apprécier sa dimension martiale et les valeurs militaires dont Nous étions soldats fait clairement l’apologie. Toutefois c’est là un parti-pris du réalisateur que je n’ai pas à juger.