Sans éviter l'inévitable et habituelle glorification du patriotisme américain, de la suprématie de son armée et de ses soldats, le courage, la fraternité, le sacrifice, le tout avec nombre de clichés appuyés, ce film est un excellent film de guerre et évite l'écueil d'être monolithique et à sens unique. Premièrement il montre une bataille de la guerre du Vietnam jamais portée à l'écran où 400 soldats américains furent encerclés par une armée de 4000 hommes. Les scènes de combats, de guerre, sont violentes, réalistes, sans concession et ne privilégient pas l'esthétisme et le quasi romantisme guerrier au détriment de l'atrocité des combats, corps mutilés, brûlés, etc. En filigranes on peut aussi percevoir sinon une dénonciation mais au moins une interrogation, un doute, sur l'absurdité et l'horreur de cette guerre, ce combat idéologique inutile, cette boucherie indigne et injustifiable ,le tout porté autant par le personnage du journaliste de guerre et la symbolique de choisir l'appareil photo et l'écriture plutôt que le fusil mais aussi les interrogations du chef ses doutes, sa conviction d'être quelque part dans le faux tout en accomplissant son devoir jusqu'au bout avec héroïsme et grandeur. Il y a également en parallèle les scènes intercalées, des femmes de soldats, Madeleine Stowe impeccable, réunies dans un village militaire aux États unis et qui reçoivent les télégrammes porteurs de la nouvelle fatidique. Ces moments sont émouvants et redonnent de l'humanité et de la vérité au spectacle de la guerre. Il y a aussi le traitement assez équilibré des soldats vietnamiens qui ne sont pas caricaturés comme les méchants sauvages mais plutôt traités en parallèle tant sur le plan du chef que de la réalité de chaque individu hors sa nature de soldat avec sa vie d'homme et surtout de celui qui lui aussi a une famille. C'est en fait un film très humain qui tout en proposant un spectacle formidable de film de guerre avec une réalisation somptueuse, ne la glorifie pas pour autant et au contraire pose clairement la question de son absurdité et de son horreur. Et puis il y a Mel Gibson,énorme, talentueux, charismatique, le chef héroïque, le père et de sa famille et de ses soldats, qui dans des conditions dantesques prend soin de chacun d'eux, leur parle, les entoure et sera le premier à y aller et le dernier à repartir en étant certain de n'en laisser aucun derrière lui. C'est souvent un peu too much mais il le joue admirablement bien, semblant passer au travers des balles qui fusent, prenant la tête des assauts ou de la résistance, le frère d'arme par excellence et le soldat américain par excellence et exemplarité, le tout avec une solide foi en dieu si particulièrement liée au patriotisme américain comme si tout ce que faisait l'Amérique était fait au nom et sous la protection de dieu. L'éternel combat du bien contre le mal mais là clairement ce film ne prend pas position sur l'aspect politique et se concentre sur la dimension humaine, familiale et n'hésite pas à montrer par exemple ce qu'a fait l'Amérique avec le napalm au Vietnam par des scènes effrayantes de son effet dévastateur , et ceux qui sont allés au Vietnam en touristes savent combien les traces des tonnes de napalm déversées sont encore visibles et présentes avec ces zones quasi interdites baignées de terre et eau orange vif. Un film de guerre sublime qu'il ne faut surtout pas se limiter à voir comme un film manichéen.