Pour sa quatrième apparition à l'écran, la patriote Jack Ryan (héros récurrent des romans de Tom Clancy) se trouve bien mal loti. Pourtant, la bande-annonce vendait du rêve avec cette attaque nucléaire sur le sol américain et ce retour aux origines du héros avec un Ryan intégrant à peine la CIA. Mais, la première erreur des producteurs est d'avoir confié la mise en scène à Phil Alden Robinson, pas vraiment réputé pour ses films spectaculaires ou son sens de l’efficacité. La réalisation de "La somme de toutes les peurs" souffre donc d'un terrible manque de rythme et de suspense, malgré quelques séquences très réussies à commencer par l'évacuation du stade de Baltimore et la fameuse explosion nucléaire. Pourtant, l’intrigue était propice à de grands moments de tensions (avec sa bombe atomique portée disparue, ses intrigues politiciennes, ses conspirations…) mais le manque de rythme ambiant et l’excès de simplification de l’intrigue (les méchants sont des nazis, les conséquences de l’explosion atomique sont balayées par un happy end un peu déplacé…) viennent sérieusement plomber toutes chances d’emballement du spectateur qui suit l’histoire, sans grand entrain. C’est, d’ailleurs, à croire que le film a été uniquement vendu sur cette attaque nucléaire (le grand moment de bravoure du film qui arrive à mi-bobine) puisque le scénario met du temps à démarrer et se conclut poussivement. "La somme de toutes les peurs" manque donc de substance et d’efficacité, ainsi que d’une BO à la hauteur (Jerry Goldsmith est pourtant la baguette)… mais il manque surtout d’un interprète à la hauteur du légendaire Harrison Ford, qui campait un Jack Ryan impeccable. Cure de rajeunissement oblige, Ford laisse sa place à un Ben Affleck qui ne démérite pas mais dont la prestation n’est pas vraiment mémorable. Il faut dire qu’il est un peu éclipsé par le formidable Morgan Freeman dans le rôle du mentor dur mais bienveillant ainsi que par les autres seconds rôles, étonnement réussis (Alan Bates en méchant facho, Bridget Moynahan en fiancée modèle, Liev Schreiber en agent Clark, James Cromwell en Président US buté, Ciaran Hinds en Président russe modéré, Colm Feore en mystérieux tueur…). Cependant, malgré ses défauts, le film reste un divertissement tout à fait regardable, grâce aux ingrédients habituels (espionnage, action, intrigue politicienne...) mais restera, inévitablement, comme le moins bon épisode de la saga.