"The Faculty", c'est typiquement le genre de grosses séries bien bourrines que j'idôlatrais durant mon enfance et qui, lors du revisionnage, ont clairement souffert de la comparaison avec les autres films du genre; disons juste que face au "Body Snatchers" de Don Siegel ou à celui de Philip Kaufman, c'est pas vraiment le top du top. Là est le soucis de l'art de Rodriguez : j'aime bien ce qu'il fait, mais je dois quand même avouer que merde, c'est vraiment pas fin du tout. Contrairement à Tarantino, le mec manque d'habileté, de recul par rapport à son travail; il fait toujours la même chose, sans jamais chercher à se corriger. Pire même, il accentue ses défauts, se caricaturise constamment dans des oeuvres toujours plus dans l'excès, et toujours moin convaincantes. Suffit juste de voir la suite de "Machete", "Machete Kills", pour comprendre qu'il lui manque un brin de talent, à ce mec. Ses oeuvres les plus marquantes demeurent, à mon goût, ses collaborations avec Tarantino ( "Planète Terreur", "Une nuit en enfer" ); détail révélateur, tant le type semble peiner à sortir des films marquants lorsqu'il bosse en solo. Enlevez "Machete" et "Desperado", petit plagiat de John Woo au niveau de la réalisation, et je vous laisse juger sur ce qu'il fait. Le tout est qu'aujourd'hui, on va s'intéresser à "The Faculty", sorte de lettre d'amour d'un réalisateur cinéphile à ces anciennes séries b de science-fiction des années 50-60 bien paranoïaques, Guerre Froide oblige. Sauf qu'ici, le message est, dans le fond, plutôt étrange, casse gueule, même. Les professeurs seraient-ils les méchants, les bad guys de l'histoire? Serait-ce une plainte d'une jeunesse qui ne parvient plus à communiquer avec les adultes? Si c'était le cas, l'idée serait bonne; le soucis, c'est que Rodriguez ne poursuit jamais son propos, ne propose jamais d'alternative valable, de solution envisageable. Cela se constate dès les premières minutes de l'oeuvre; enchaînant les pires stéréotypes de la jeunesse, la scène d'introduction paraît, au départ, comme une critique des personnalités populaires du bahut, et de la superficialité des nouvelles générations. On a la totale : des geeks bigleus, des sportifs idiots, des adolescentes qui ne pensent qu'à se maquiller, des camés, des chaudasses, et des bourrins. Seulement voilà : dénoncer, c'est bien, mais où se trouve la dénonciation lorsque les héros du film sont ces mêmes personnages que l'auteur critiquait comme étant le reflet d'une génération irrécuprable? Il paraît donc évident que l'écriture manque de sérieux, de rigueur; les incohérences se multiplient ( notamment en ce qui concerne le twist final ), et les réagissements idiots de certains personnages terminent d'enfoncer le clou. Néanmoins, tout dans le film n'est pas à jeter, notamment la mise en scène de Robert Rodriguez, notre bon vieux mexicain anti-ricain. L'aspect très kitsch de l'oeuvre pourra déranger; perso, j'ai apprécié. De même pour la réalisation mouvementée et efficace d'un artiste dans la force de l'âge, et même si sa vision du genre a pris un sacré coup de vieux, il n'empêchera pas que l'on prendra du plaisir à visionner l'oeuvre. Un film encore plus renforcé par un casting attachant et solide; de Josh Hartnett à Elijah Wood, de Robert Patrick ( l'un de ses meilleurs rôles post-T1000 ) à Famke Janssen, c'est vraiment bon. "The Faculty" reste donc un métrage à visionner. Non exempt de défauts, d'imperfections toutes plus dingues les unes que les autres, il se révèle, au final, une bonne série b du genre. Possédant un suspens haletant, il nous tient de bout en bout, nous faisant oublier, durant ses 1h40, que l'on visionne un film. A l'issue, le contrat était rempli. Que demander de plus?