Clément, c’est l’histoire d’un amour hors du commun. Celui d’une adulte, Marion, qui au détour d’un anniversaire avec des préadolescents, croise un regard plus appuyé, plus intéressé qu’un autre. Il pourrait s’agir d’un homme, ou d’une autre femme de la fête, mais pour le coup, c’est un jeune garçon qui s’amuse – par défi ou plus probablement par un réel coup de foudre – à la suivre des yeux jusqu’à la provoquer.
L’attirance réciproque semble s’insinuer, se confirmer. Marion perd la tête, et au fil des jours, elle ne sait pas ce qui lui arrive. Amoureuse d’un homme, elle tombe sous le charme petit à petit de ce regard, de cette jeunesse qu’elle n’aura jamais plus. Elle sait que l’âge du garçon lui interdit tout ce qui va au-delà de la simple bise amicale, mais elle ne peut s’empêcher d’être attirée. Les regards, les sourires, la conversation se met en place. Une véritable danse de l’amour.
Bien au-delà de la différence d’âges des protagonistes, il faudra s’attacher à regarder avec délice ce jeu de séduction que la réalisatrice a créé avec beaucoup de talent et de justesse. Le fait de filmer au format DV, la caméra au poing ou sur l’épaule - et bien que ce soit un peu déroutant dans les premières minutes - est un atout considérable pour ce film qui se veut très intimiste, et toujours au plus près des personnages dans les ombres et les faibles lumières. Elle nous emmène à la rencontre des émotions, des sons, des mouvements (on pourrait presque aussi deviner les odeurs). La scène du premier baiser est d’ailleurs la plus jolie et la plus sensuelle à mon goût.
Sans spoiler nécessairement le film, il faudra vous intéresser aux scènes de plénitude, de recherche, et de jalousie - aussi bien exprimées par Clément ou par Marion – qui se suffisent à elles-mêmes pour comprendre ce que sera finalement l’épilogue d’une telle rencontre amoureuse.
Il ne faudra pas non plus voir dans ce film une quelconque manipulation pour faire admettre les amours interdits. Le film - pour ne pas dire chef-d’œuvre unique dans la filmographie contemporaine - reste une étude sur l’amour entre deux êtres, avec ses phases de construction, de passion, de plénitude, et finalement de destruction, puis de détachement.
Je n’en dirai pas plus pour ceux qui ne l’ont pas vu, mais comme vous l’avez sans doute compris, j’ai beaucoup aimé ce premier film d’Emmanuelle Bercot, et que je vous invite vraiment à le découvrir.
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