Le film de gangsters a toujours su rameuter les foules. Pas étonnant que Lee Tamohori, réalisateur Hollywoodien plutôt médiocre s’empare du thème (c’est à lui que l’on doit le mauvais « 007 : meurt un autre jour », ou encore les moyens « à couteaux tirés » et « Next »). Mais ici, pas de carnage à l’horizon, « Les Hommes de l’ombre » s’avère être un film bien bâti et pensé, aux personnages torturés et à l’intrigue tortueuse. Bon, les fondations sont plutôt basiques, mais on sent qu’un vrai travail de fond a été fourni, notamment en ce qui concerne la mise en scène. Ce n’est jamais brillant, mais pas mauvais non plus, et on se laisse facilement happer par l’ambiance dramatique et lancinante du film. Pas de grosses fusillades ni d’effets d’explosions, l’histoire favorise l’approche dramatique des relations humaines, sur fond de déchirure amoureuse aux brefs soupçons d’érotisme. L’ambiance 50’s de la cité des anges (Los Angeles) est brillement reconstituée, avec simplicité mais cohérence. Le souci du réalisme est bien là, même si quelques étourderies scénaristiques viennent noircir le tableau. Les péripéties constituant cette sordide enquête que mène Max Hoover ne sont pas folichonnes, manquant de dynamisme, de profondeur. Toutefois le portrait psychologique de Max Hoover, héros tourmenté incarné par le formidable Nick Nolte, est attachant. Le reste de sa bande de flics apporte une touche bienvenue de fraicheur et d’humour (en particulier Ellroy Coolidge). D’ailleurs du côté du casting, c’est plutôt bon : Nick Nolte est encore une fois excellente, fidèle à lui-même, colosse aux pieds d’argile ; Chazz Palminteri (Ellroy) est enjouant, Melanie Griffith est crédible. La présence de Chris Penn est sympathique… et que dire de la sublime Jennifer Connelly, aussi éphémère que délectable. Malheureusement, John Malkovich, d’habitude très bon acteur, fait ici pâle figure (la faut à un personnage bateau et peu travaillé aussi). Michael Madsen est inutile. La musique (Dave Grusin) colle bien à l’univers retro et douteux de l’époque, ainsi que le joli travail effectué au niveau de certains plans de caméras. « Les Hommes de l’ombre » est un polar/drame agréable à regarder, plutôt émouvant. Dommage que l’absence d’entrain et de challenge lui profère un arrière-gout de série B inachevée. A voir malgré tout !