Dès le début du film avec ces bois inquiétants plongés dans la brume, le ton est donné. Cette adaptation du conte est plus sombre, plus effrayante, plus mature que d'habitude. Par moment, elle vire carrément au film d'horreur. Et en soi, c'est une idée vraiment excellente et la noirceur du film est diffusée sans qu'il ne trahisse le conte ou fasse disparaître les subtilités et les métaphores qu'il renferme. Ici la Bête est un monstre qui n'hésite pas à tuer des humains dont des jeunes filles afin de se nourrir de leur sang. Elle possède certes une part d'humanité mais qui lutte avec une part d'ombre et de bestialité. Et pour une fois, son apparence n'est pas celle d'un lion mais celle d'un rapace. On sent l'influence de la version de Jean Cocteau. Outre la noirceur inhabituelle et inattendue, l'apparence originale et le traitement de la Bête, les décors baroques et l'atmosphère sombre, surréaliste, onirique et poétique contribuent à la force et à la forte identité de cette adaptation. Voilà ce que je voulais voir dans l'adaptation prévue par Guillermo Del Toro. Mais non, à la place, on a eu le remake Disney insipide, politiquement correct, sans âme, sans réelle magie sorti en 2017. Je noterais toutefois quelques défauts : la musique est réussie, mais trop peu variée et trop répétitive et la fin est un peu trop rapide. Certes, la version de Jean Cocteau demeure insurpassable, mais celle de Juraj Herz reste réellement réussie, se permet de prendre de vrais risques, est créative, et possède une vraie identité, une vraie poésie et une atmosphère envoûtante, tout le contraire du remake Disney de 2017. Moi qui ait toujours adoré le conte de la Belle et la Bête, j'ai été grandement séduit par cette adaptation et je me réjouis d'avoir pu la visionner.