Avis sur Sirene

Sirène est un des premiers films de Raoul Servais (1968 quand même). Il s’agit d’un dessin animé ici, pas désagréable, mais pas complètement abouti non plus.
Niveau histoire on sent la patte du réalisateur. La narration est très particulière, et elle se met au service d’un scénario finalement assez simple, mais qui comme souvent avec Servais vire avant tout au rêve. Chacun d’ailleurs je pense pourra interpréter l’histoire qui nous est montrée à sa manière. A noter un humour un peu noir.
Sur la forme c’est assez plaisant. Le dessin est particulier, souvent naïf, notamment pour les personnages, il se fait violemment esquissé pour certains décors, et est d’une très grande finesse pour d’autres, en particulier le bateau. Ce mélange technique produit un effet singulier, qui peut tout aussi bien renvoyer aux Shadocks, qu’aux dessins animés russes. Les couleurs pour leur part sont limitées essentiellement à du rouge et à du bleu. Si le second est très doux, le rouge est de toute violence, et rend très bien le coté malsain de son univers. D’ailleurs, les ptérodactyles qui volent dans le ciel rouge, poussent des cris qui sur la longueur sont proprement insupportables. Néanmoins attention, c’est voulu. Heureusement il y a une douce musique à la flute qui vient ramener un peu d’onirisme et de sérénité.
Un peu moins audacieux que les métrages futurs de Servais, Sirène pose les bases d’un univers personnel original et foisonnant. Bien fait, il ne plaira comme toute l’œuvre du réalisateur pas à tout le monde, néanmoins il est indiscutable que Servais fait ici un réel travail d’artiste, et que c’est ce qu’il convient de noter.