Bon, c'est toujours compliqué de noter des films aussi anciens. Mais objectivement Le Voyage imaginaire est quand même une réussite. C'est poétique, et je dois dire que je l'ai vu avec une bande son superbe donnant une teinte toute particulière aux images. Cette dernière a été pour beaucoup dans le plaisir du visionnage.
Clairement le réalisateur a cherché à offrir, comme beaucoup de métrage muet fantastique une pléiade d'effets visuels, de recherche originale de mise en scène, le film se veut avant tout une réussite graphique. Il y a des décors vraiment originaux (les toits de la cathédrale), des effets visuels nombreux, et la mise en scène est parfois étonnante (notamment pour la partie sur les toits justement, avec des cadrages très réussis pour l'époque). Le film est esthétique, recherché, et il y a une ambiance tout à fait plaisante, malgré évidemment le côté un peu archaïque de tous cela.
Si la dimension visuelle est réussie, je suis plus dubitatif quand même sur l'histoire. Certes séparément les morceaux du film sont plutôt plaisants surtout le deuxième en fait, qui nous plonge dans une sorte de conte de fée, mais l'impression d'élements disparates mis bout à bout est quand même très prégnante. De surcroît le premier segment est assez fade, et le film prend quand même du temps avant de vraiment se lancer (20 minutes à peu près pour un film d'1 heure 10 environ). Du coup, curieusement la dimension Voyage imaginaire est relativement affadie, et le film n'est pas aussi fantaisiste qu'on aurait pu le souhaiter.
Niveau acteur disons qu'ils assurent sans plus. Le héros manque de charisme quand même, ce qui est toujours un peu dommage dans le cinéma muet, et malgré la présence de grands noms de l'époque, comme Albert Préjean ou Dolly Davis, ce n'est pas le casting qui donne vraiment la saveur au métrage. On reste assez loin du niveau des meilleures figures du genre muet comme Max Linder.
En conclusion Le Voyage imaginaire est une agréable curiosité, qui mérite un visionnage quand même, car il est visuellement abouti. Mais on sent à la fois les caractéristiques du muet, qui se veut surtout graphique, et celles d'un réalisateur débutant, audacieux sur la forme, mais moins soucieux du fond. 3.