Cœur fidèle est un film dérangeant par son péssimisime, sa tristesse et sa mélancolie.
Jamais avant 1923 il n'y eut un film aussi experimental et audacieux ; l'avant garde française est alors on ne peut mieux représentée.
Cœur fidèle n'est pas une histoire d'amour ; car il n'y en a pas. L'intrigue se situe dans cet entre deux là ; une histoire d'amour qui ne veut pas se produire ; faute de quoi pourrait-elle s'épanouir, probalement et on n'en sait rien ; d'autant plus que la dernière séquence laisse planer un doute dont le film entier ne laisse pas le penser.
Marie est amoureuse de Jean mais Paul, la brute et le méchant, l'accapare à lui, soutenu volontiers par sa famille.
L'intrigue, jugée comme simple mais finalement très forte par sa froideur et son étude sur l'amour, n'est pas exactement le sujet du film. Cœur fidèle est avant tout un film expérimental sur la mise en scène, au moment du tournage, et un film « de » mise en scène après sa production.
La photographie, splendide, vient manifier ce que montre Epstein, ces gros plans si tristes, ces situations pochardes et vulgaires ; ces mouvements de caméras-embarquées (inédites alors au cinéma) vertigineuses.
Deux séquences sont mémorables : Celle de la fête forraine et celle du reflet de Marie que se fait Jean dans la mer. Si la première est une experience incroyable dans la sensation que porte cette caméra embarquée sur le manège, la seconde est l'émotion ressentie par la transparence de deux plans: celle de la mer et de Marie assemblées, métaphore de l'amour échoué de Jean et Marie, celle-ci n'a jamais été aussi belle, Jean la magnifie, elle n'est plus là, elle est avec le courant, dans l'autre monde que celui du continent.
Cette séquence est on pourrait l'appeler une expérience sur le montage ; comment superposer deux images.
Cette séquence rejoint alors celle de la fête forraine, qui s'emballe, en même temps que le manège, dans un montage saccadé et survitaminé, qu'on appelera montage alterné ; tant d'imagines nous viennent alors, de la foule, aux sourires, aux larmes, à « amour » inscrit sur un pain d'épice.
Tant de choses montrées pour nous fait ressentir,
Après 1923 et Cœur Fidèle, le cinéma devient alors un genre, un terrain d'art, une ôde à la beauté visuelle et psychologique qui montre que tout est possible.
Un chef d'oeuvre.