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brunocinoche
91 abonnés
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3,5
Publiée le 29 juin 2014
Un thriller hors norme sur fond de retour du Vietnam, vraiment prenant, un film injustement passé inaperçu lors de sa sortie au début des années 80, avec 3 acteurs épatants. A redécouvrir
Cinéaste confidentiel de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, Ivan Passer réalise avec « Cutter’s way » un film hybride, à mi-chemin entre le thriller chichiteux typique des années 80 et le film à thèse sur le difficile retour des GI’s du Vietnam. Pour illustrer le propos tiré d’une nouvelle de Newton Thornburg , Alex Cutter le vétéran joué par un John Heard survolté s'inscrit dans l’image d’Epinal du héros revenu gravement handicapé de son voyage dans les rizières vietcongs. C’est une moitié d’homme qui survit aux côtés de sa femme Mo (Lisa Eichhorn) et de son meilleur ami Richard Bone, leur faisant payer journellement le poids de son infirmité qu’il tente de noyer dans l’alcoolisme et la provocation permanente. Tout semble opposer Bone, séducteur dilettante invétéré et Cutter, écorché vif ayant un compte à régler avec la société. Ivan Passer n’y va pas avec le dos de la cuiller, obligeant les deux acteurs à forcer un peu trop le trait dans les archétypes de leurs rôles respectifs. Une intrigue policière quelque peu relâchée tente de venir au secours de ce face à face un peu stérile mais Passer ne parvient jamais à dépasser cette confrontation qui finit par diluer l’intérêt pour l’enquête qui n’est en fin de compte relatée qu’en pointillé. Cutter à force d’injures renverse complètement son image pour devenir antipathique jusqu’à la fin libératrice de toutes ses souffrances. Parallèlement on se demande pourquoi Bone supporte toutes ces outrances et affronts publics ; sans doute à cause de la culpabilité de ne pas être parti se battre à l’époque. Au final c’est Mo qui émeut le plus, tiraillée entre deux hommes qui font fi de ses doutes, condamnée à la passivité que lui impose son statut de femme de héros. C’est à elle que Passer réserve ses plus belles scènes. La très gracile Lisa Eichhorn donne la tonalité juste à cette jeune femme qui se sent prisonnière d’une histoire qui n’est plus vraiment la sienne. La photographie de Jordan Cronenweth qui rend à merveille l’aspect paradisiaque de la côte californienne conjuguée à la musique de Jack Nitzche contribue à faire de « Cutter’s way » un film parfois un peu vain mais à l’enveloppe fort séduisante. Produit par la United Artists « Cutter’s way » était au départ un projet prévu pour Robert Mulligan avec Dustin Hoffman dans le rôle d’Alex Cutter, Ivan Passer qui était un second choix n’a pas du tout été satisfait de la manière dont a été distribué le film qui n’a pas été un franc succès. La carrière de Passer ne s’en est jamais vraiment remise.
Un des plus beaux films américains de la décennie 80 réalisé par un metteur en scène de la nouvelle vague Tchèque (avec Milos Forman notamment). Drame psychologique abordant le thème de l'intégrité, de l'amitié, de l'amour et du refus de s'adapter. 2 hommes et une femme en quête de dignité à leurs propres yeux. L'actrice Lisa Eicchorn est sublime. Le Score l'est également.