J’ai beaucoup aimé ce film. Mohsen Makhmalbaf mêle avec brio beauté & horreur. Les images sont en effet très belles, très impressionnantes ( longues marches dans le désert, des prothèses tombant du ciel… ), Niloufar Pazira est tout simplement magnifique dans le rôle de Nafas, cette femme courageuse qui cherche partout et en tout Homme des fragments d’espoir à offrir à sa sœur.
S’opposent alors à cela des scènes d’une violence inouïe, pas dans le sens où les gens se battent, il s’agit d’une autre violence, beaucoup plus insidieuse : les jeunes garçons dans une madrassa qui récitent le coran aussi sereinement que s’ils avaient un couteau sous la gorge et qui apprennent aussi bien les versets que l’utilisation d’une kalachnikov, les hordes de femmes-fantômes, les petites filles à qui l’on apprend qu’une fois passée la frontière, elles ne pourront plus aller à l’école et n’y toucher aux poupées qui bien souvent cachent des mines anti-personnelles, les dizaines et dizaines d’estropiés…
Toutes ces scènes et ce qu’elles impliquent sont autrement plus violentes que ne le serait un combat à mort entre deux ennemis parce qu’elle montrent en fait les conséquences de la guerre ( et même des guerres ), de la misère ( le manque de tout, les maladies, la médecine rudimentaire dispensée à travers un voile – histoire de sauvegarder la pureté des patients ? -, les gens acculés à voler les morts et à se déguiser en « femmes » pour fuir, espérant ne pas être repéré sous la burqa / le burga par de véritables oiseaux de mauvais augure ), de la propagande, de l’interdiction d’accéder à la connaissance, de l’absurdité de certains comportements…
L’ensemble paraît très pessimiste car Nafas, journaliste réfugiée au Canada, retrouve tout ce qu’elle a fui et tout ce qu’elle redoutait ; comme elle le dit, elle se retrouve maintenant prisonnière, non pas d’une prison, mais de toutes.