Je crois que pour apprécier H Story, il faut faire complètement abstraction d'Hiroshima mon amour, sinon ca ne marche pas. C'est pourquoi j'ai eu du mal durant la première partie du film, car j'y pensais sans cesse en me disant que ce n'était pas a la hauteur, que la magie, le coté incroyable du film de Resnais, le rythme parfait et les accords minutieux entre l'image et le son, les dialogues de duras ne se retrouvaient pas la dedans. J'ai également eu du mal avec le coté un peu facile du mélange fiction/coulisses de la fiction, je pensais que c'était comme une fuite en avant de la part du réalisateur, pour échapper a cette oeuvre qu'on ne pouvait surpasser et même égaler.
En fait j'ai changé d'avis, me rendant compte qu'a défaut d'être un remake sur Hiroshima, c'était un passionnant documentaire sur Beatrice Dalle ( incroyable, il n'y avait qu'elle pour accepter de faire ce film, sans scénar !! ) ou l'oeuvre de Duras n'était plus maitresse, mais qui apportait un nouveau témoignage sur Hiroshima, la facon dont on percoit 50 ans après la bombe, du coté occidental comme oriental... Finalement je crois que ce film, aussi inabouti et inachevé qu'il est, nous en apprend beaucoup plus que si il avait été fait de facon classique. Il ne faudra bien sur pas comparer Beatrice Dalle et Emmanuelle Riva, la première en sortirait perdante, assurément, car c'est a Riva qu'on doit Hiroshima, la représentation même de la femme au cinéma des années 50, libre et décomplexée, a la manière d'une Jeanne Moreau. Je crois que quand une femme se grave dans notre mémoire, au point de nous hanter, on ne peut ensuite la dénigrer au profit d'une autre qui viendrait après elle, aussi géniale soit elle. Sans doute ne sont elles pas comparables ces deux femmes d'ailleurs. Emmanuelle Riva colle beaucoup plus au texte durassien, au niveau de sa facon de s'exprimer entre autre, La Dalle est plus rapide, brute, mais elle apporte un nouveau souffle, radicalement différent et très enrichissant.