Anna aime André, chirurgien dune clinique parisienne. Convaincue de la réciprocité des sentiments, la gentille jeune femme quelle est se réjouit de bientôt mettre un terme à sa solitude. Problème(s) : il sest juste occupé delle lors dun séjour hospitalier consécutif à une tentative de suicide. Et, plus grave encore, il nest absolument pas amoureux delle. Il a beau le lui dire, mais Anna souffre dune maladie assez répandue mais peu connue (elle nest dailleurs jamais citée) : lérotomanie, ou lillusion délirante dêtre aimé(e) par quelquun. De ce fait, elle ne va cesser de poursuivre lobscur objet de ses désirs, sattaquant dabord à son entourage puis à elle-même, et faisant, à chaque fois, un pas de plus vers la folie.
Cela ne vous rappelle rien ? Effectivement, le sujet est le même que celui de À la folie, pas du tout de Laëtitia Colombani. Mais, contrairement à cette dernière qui, armée dun scénario retors, sorientait plus vers le thriller, Michel Spinosa se focalise davantage sur le personnage principal : Anna. Le capital sympathie naturel dIsabelle Carré (absolument éblouissante, dans un rôle plus que difficile qui pouvait facilement sombrer dans la caricature) et la candeur de son regard nous la rendent dabord touchante, avant de nous mettre mal à laise, à mesure que la tension va crescendo jusquau point de non-retourdun cheminement quasi biblique. Un sentiment de malaise qui trouve lun de ses sommets lorsque, face caméra, la jeune femme répond à un psy, et sadresse, indirectement, à chacun de nous. Et ça nest quun des exemples les plus marquants de cette uvre dérangeante qui, expurgée de quelques longueurs et étrangetés (lorsque le film se teinte dune once de fantastique), aurait pu tutoyer la perfection.
En létat, Anna M. devrait vous déranger, vous secouer puis, finalement, vous laisser mélancolique comme la chanson du groupe Au Revoir Simone qui le ponctue à deux reprises. Le genre de film assez rare pour être expérimenté.