Avis sur Doctor Mordrid

Décidément avec les films que je suis le premier à critiquer, je n’ai vraiment pas beaucoup de chance. Il est rare que ce soit des bonnes surprises, pourtant là j’avais mis toutes les chances de mon coté. La famille Band aux commandes (qui font des séries B fauchées bien sympas), Jeffrey Combs devant la caméra, une idée prometteuse. Pourtant le résultat n’est pas très bon.
Je commence néanmoins par un bon point, l’interprétation. Celle-ci est très solide, et indéniablement elle tire Doctor Mordrid vers le haut. Combs est très bon, même s’il s’avère parfois un peu trop sobre. A ses cotés Yvette Nipar. Elle est convaincante elle aussi, et ne manque pas de charme. Son personnage a le mérite de ne pas avoir été oublié en route. Brian Thompson lui est un antagoniste parfait, dans un rôle qui lui convient bien et dans lequel il peut s’exprimer le mieux. Pour le reste il y a du bon et du moins bon (l’acteur dans l’espace n’est pas vraiment une réussite par exemple). Toutefois dans l’ensemble boulot convenable.
Le scénario lui a des lacunes, c’est clair. Doctor Mordrid est très court comme métrage (même pas 1 heure 15), et développer quelque chose en 1 heure 15 c’est pas facile. Du coup, trop de linéarité, aucun approfondissement, des personnages trop superficiels, un rythme trop haché car les transitions ont été expédiées. Vraiment une mauvaise surprise de ce coté là.
Visuellement Doctor Mordrid se rattrape un peu. Le budget était très restreint, mais enfin Band est un habitué de ce type de difficultés, et passe outre dans la mesure du possible, avec un certain talent. Les décors sont acceptables, et même s’ils font cheap (sauf l’appartement de Mordrid, digne des meilleurs films de la Hammer), ce n’est au fond pas si mal. Les effets spéciaux sont à l’ancienne et c’est plutôt charmant. Seule la fin les exposent vraiment, avec un combat de dinosaures animés image par image à la façon Harryhausen. Ma foi c’est pas mal fait, même si on sent que personne sur le plateau n’a vu à quoi ressemblait un tricératops (ou un proche parent d’ailleurs !). La mise en scène de Band est solide, et justement permet d’oublier un peu la pauvreté budgétaire. Dynamique, le réalisateur livre un travail appréciable. La photographie n’est pas horrible non plus. Le début fait craindre le pire (la scène à Rio, avec ses couleurs délavées et son esthétique digne de Mon curé chez les nudistes !), mais le métrage se rattrape ensuite. Il y a de beaux éclairages parfois, des jeux de contrastes lumineux, ce n’est pas trop mal.
La musique est appréciable aussi. Pas très présente, elle sert surtout à planter l’atmosphère par moment, et c’est assez réussi.
En somme Doctor Mordrid n’est pas monstrueux, et je conseille les amateurs pur et dur des petits films de genre bien fauchés de cette époque de le regarder. C’est clair qu’aujourd’hui il ne risque pas de plaire à grand monde. Regardable, mais d’un faible niveau quand même.