Ouïe ! Aîe !!!
Comment lui, John Guillermin, put-il rater une reprise pareille en 1976 ?
Je crois savoir. Un film ça se pense et de dirige !!!
En ce temps-là, le cinéma mondial est en berne.
Les Français ne font plus que des comédies lourdingues sur l'Occupation, Jean Gabin et Lino Ventura trouvent encore des scenarii pas trop tartes mais au prix d'attentes interminables entre deux tournages.
Jean Rollin produit du fantastique honorable mais ses moyens sont si limités que ses créations restent dans l'ombre.
Les Italiens inondent les écrans de westerns. Quelques uns inoubliables : "Il était une fois dans l'Ouest", "Pour une poignée de dollars", etc ... d'autres complètement à la masse et sans saveur.
Dans les pays Soviétiques, des génies comme Karel Ziman ou Pavel Klushantsev sortent des films de SF ou fantastiques que les occidentaux n'ont pas eu et n'auront certainement jamais l'occasion de voir, à part sur des chaînes très spécialisées.
Hollywood s'embarque dans un combat stérile contre la télévision. Toujours plus d’invraisemblances dans les histoires, toujours plus d'effets spéciaux à la va vite et d'acteurs laissés en roues libres (Voir le sixième continent avec le regretté Doug MacClure, un spécialiste du nanar, mais que personnellement j'aimais bien.)
Exit, Ray Harryhausen et ses truquages époustouflants, ils sont trop longs à réaliser. Il reviendra pourtant au début des années 1980 avec le "Choc des Titans", son chant du signe. Exit aussi, Georges Pal que d'aucuns considèrent à tord comme dépassé. Lucas, Spielberg, Jackson et les spécialistes qui vont les accompagner durant leur carrière font encore leurs études.
King Kong en 1976 se réalise dans ce contexte cataclysmique. De laurentis, le producteur, appelle Carlo Rombaldi pour créer un singe animatronique géant, grandeur nature, qu'ils espèrent tous deux faire courir ou bien marcher sans problème. Les professionnels de Disney, rompus depuis 20 ans à cet exercice l'ont refusé et se marrent ...
Malgré une distribution correcte et les millions de dollars engagés, il règne un foutoir gigantesque sur les plateaux de tournage où doivent se tourner les scènes avec Kong. Le robot géant ne fonctionne pas. Seul son visage, sa main et son corps entier, mais arnaché dans une cage pour éviter sa chute, apparaîtront quelques minutes dans un film de plus de deux heures.
Au secours Papy Ray ... Le vieux monstre sacré, roi du dinosaure en image par image hyper-réaliste, arrive à la rescousse. Mais John Guillermin, certainement hagard et échevelé, ne parvient pas à le convaincre de reprendre en main la catastrophe. Le singe sera alors un acteur dissimulé dans un costume pour les plans généraux. Heureusement que les incrustations ne sont pas trop désastreuses. De moyen, le film serait devenu une super-nanardise, très au-dessous du sympathique Godzilla Japonais.
Pourtant, un gorille bipède et engoncé, se débattant au milieu de maquettes ramenées péniblement à l'échelle, cela frôle l'acharnement thérapeutique.
Ce film techniquement ne parvient pas à remonter le niveau du cinéma des années 1972-1978, malgré le 70 mm et le todd-AO. Juste un deux points positifs, l'interprétation émérite des acteurs principaux et la bande originale particulièrement jolie, ce qui était déjà le cas en 1933.