La roche envahit un décor monstrueux, la beauté d’un gris ténébreux, sans faille, une invisible menace qui ressemble à un grondement puissant et morbide.
C’est ici que se passe « Stromboli », le film de Rosselini qui offre un panorama méditerranéen et planant sur les iles Eoliennes, et en particulier la plus connue, celle dont le film porte le nom, qui héberge un volcan majestueux et iconique. Mais loin de nous projeter dans son ombre, Rosselini offre un climat anxiogène qui fait de cette romance une œuvre purement irréelle, sous la beauté évidente de Ingrid Bergman, une jeune femme perdue dans sa propre pensée.
Sorte de poème en totale contre plongée, « Stromboli » apporte notamment une réflexion totale sur notre appartenance. Rosselini cadre l’invisible, le volcan est une métaphore de Dieu, celui qui offre et reprend. Donne tantôt la catastrophe, tantôt la récolte, celle des poissons, cruellement tués pour quelques pièces. Des images que Rosselini n’hésite pas une seconde à nous montrer, ces images indéfinissables, qui trouvent leur beauté dans un aspect quasi sadique. Car ces hommes là, ce sont des brutes.
Et loin de son atmosphère envoutante et du sourire angélique de Bergman, « Stromboli » est aussi une exploration des visages à la découverte d’une nouvelle Terre. La mise en scène est quasi organique, faite avec détail et finesse, apocalyptique, vieillissante à l’image son actrice principale. Le personnage de Bergman, c’est de la lave en fusion, il cherche une issue pour la trouver en haut d’un cratère après une escalade mouvementée.
Une œuvre riche et totalement pure, inégale mais magistralement bien orchestrée dans son silence austère. Rosselini, définitivement artiste, dresse tout simplement un portrait glacial de la lave, rien que ça.