Frantic est un film agréable de Polanski, qui certes n’a rien à voir avec ces meilleurs films, mais se taille malgré tout une belle place.
Il le doit d’abord à son casting. Ce-dernier est brillant, et encore plus dans les faits que sur le papier. Harrison Ford, comme souvent, est très bien dans la peau d’un personnage qui lui sied comme un gant. Ford endosse fort bien en général les personnages en costume, avec des professions intéressantes, et là il ne loupe pas, offrant un jeu à la fois fin et varié, étant parfois drôle même. A ses cotés Emmanuelle Seigner est remarquable. Apparaissant un peu timorée au début, clairement son interprétation monte en gamme au fur et à mesure du film, et elle joue un personnage touchant, étonnant et finalement très plaisant. Autour d’eux, qui forme quand même le noyau dur du film, quelques acteurs français ou étrangers gravitent en offrant généralement des prestations sobres mais sans grande surprise.
Le scénario est, il est vrai, un peu faible pour un suspens. Maintenant Frantic joue clairement la carte du film d’ambiance, et on sent que Polanski tente l’exercice de style, plus que le suspens pur et dur. L’histoire est ainsi assez simple, mais prenante tout de même, le début est un peu laborieux, mais il ne faut s’y laisser prendre. Ensuite ca va clairement mieux passé le premier quart d’heure. Il y a de vraies bonnes scènes, et dans l’ensemble, j’ai vraiment apprécié, même si c’est certain, ce n’est pas l’histoire qui est le point fort de ce film.
Coté réalisation par contre, c’est brillant. Polanski a un talent indéniable, et tout les films que j’ai pu voir jusqu’à lors de lui sont remarquablement mit en scène. C’est fait avec un minimalisme de moyen, et pourtant le film dégage une élégance, une finesse vraiment soignée. La caméra est pourtant souvent fixe, il y a peu de variation dans les plans, c’est même à la limite du théâtre parfois, mais qu’est ce que c’est maitrisé. C’est là où l’on voit l’expression du talent. La photographie et les décors ne sont pas en reste. Cette balade à Paris est magistrale. Le film dégage une ambiance étonnante, presque irréaliste. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un peu ressenti cette étrange sensation que j’avais déjà eu sur Arizona Dream. Pourtant tout est très terre à terre et il n’y a rien de surréaliste, mais le travail sur les éclairages (sublimes), l’usage des décors (notamment les boites de nuit qui n’ont rien de quelconque) donne un relief à Frantic du tonnerre. Il faut aussi reconnaitre que l’ambiance musicale joue beaucoup. Il y a de très bons thèmes musicaux, et la musique planante de Morricone (qui rappellera d’ailleurs un autre thème bien connu du même compositeur pour un film avec Belmondo) est parfaitement utilisée.
En conclusion Frantic mérite indéniablement un 4 sur 5, pour toute sa dimension esthétique et pour son casting. Maintenant on pourra clairement regretter une histoire un peu simple, pas à la hauteur du reste, un rythme parfois trop léger, et une chute un peu rapide et assez fade. A voir en tout cas pour ceux qui aiment les métrages d’ambiance, dans un style assez proche, pour rester avec le même réalisateur, de The Ghost Writer.