Je n'avais pas autant rigolé depuis mon premier Max Pecas, et pour moi c'est beaucoup dire parce que le second degré, en principe c'est pas mon truc. Mais là, comment ne pas rendre les armes devant tant de candeur machiste, tant d'hypocrisie et de pudibonderie tout aussi candides ?
Il y a bien des femmes fortes, mais elles meurent les unes après les autres, parce que faut pas exagérer, une femme c'est fondamentalement vulnérable quand même. Elles tirent bien contre l'hélico des méchants avec des fusils, mais c'est le héros qui le descend avec son gros canon de bois, parce que faut pas exagérer, une femme c'est fondamentalement impuissant quand même. On vous fait mater des seins et des corps dénudés, mais c'est dans l'intérêt de l'action, ou même du bien et du mal, et puis finalement c'est la dinde qui ne sert qu'à se faire kidnapper et enchaîner qui survit, parce que faut pas exagérer...
Traversé par les courants contradictoires d'un féminisme naissant et d'une domination masculine bien installée, d'une libération sexuelle naissante et d'un puritanisme bien installé, "Les Tueuses" résout l'équation dans la sublime (et si candide !) réplique finale, un vrai joyau pour psy voulant expliquer la notion de projection :
"Les femmes sont compliquées !"
. Ce film est une véritable photographie d'époque, d'autant plus jouissive qu'elle est parfaitement involontaire. Ensuite, forcément, le féminisme explosa.