"Gentleman Jim" est, à mon humble goût, un film admirable. Sa réputation de chef-d'oeuvre du cinéma, il ne l'a guère volée. Véritable base du 7ème art d'aujourd'hui, le film en question fait partie de ces oeuvres intemporelles, de celles dont on parle même cent ans après leur sortie en salle, et qui marquent toujours autant, malgré le passage des années. De film culte, il en a forcément la réputation; j'irai même jusqu'à dire que "Gentleman Jim" est un métrage mythique, dans le sens où, depuis sa parution au cinéma, nul n'est parvenu à faire mieux. L'impact aurait été doublement moins impressionnant s'il on était parvenu à, ne serait-ce, que l'égaler. Que nenni, mes amis! Depuis 1942, c'est pas "Rocky" et autres "Fighter", les "Rages au ventre" et aux métrages non cités, qui auront fait mieux. Car sans son apparition, aucun n'aurait été permis sans ce "Gentleman Jim". Véritable base du cinéma de boxe, le film y présentait repris ici et là, tous les éléments mythiques qu'on leur connaît aujourd'hui. Et moi qui pensait que "Rocky" était une première ... Comme quoi, on en apprend tous les jours. Dès le départ, la qualité est évident : les plans, magnifiquement bien choisis, affichent une esthétique magnifique, un travail artistique trillé au couteau. Ce n'est pas étonnant si, à en voir une telle maîtrise, le métrage marque toujours autant les esprits, même 80 piges plus tard. Fort d'une réalisation sans limites ( tant matérielle que de l'ordre de l'imagination ), l'oeuvre se révèle savoureuse à tous les plans, et jouissive dans tous les instants. Que dire de plus, si ce n'est que l'on ne peut que s'émerveiller devant tant de recherche narrative, devant une destinée si belle et intense, destinée épousant parfaitement la mise en scène émouvante d'un artiste hors du commun? Errol Flynn ajoute énormément au résultat final; c'était une évidence, à mon sens. Y apportant une fougue qui lui est toute propre, il sait afficher un certain charisme et un cûlot certain. Attachant, l'homme porte le film à bout de bras, donnant tout son sens au personnage, et au propos de l'oeuvre. Pré-Rocky par excellence, le film n'en a pas grand chose, au final; bien plus fin que son illustre rejeton, bien plus réaliste aussi : les combats, magnifiquement bien tournés, terriblement bien chorégraphiés, font feu de tous défauts, et s'avèrent renforcés par une crédibilité à couper au couteau. C'est qu'on s'y croirait foutrement bien, dans ces combats ! Réalistes et intenses, ils sont crédibles et cohérents; les boxeurs semblent réellement se porter les coups, le film en gagnant et force et en crédibilité. Une efficacité également présente dans l'écriture de l'oeuvre, elle-même foudroyante de qualité. Les dialogues, finement ciselés, s'avèrent de toute beauté, et l'humour qui les renforce se révèle d'une redoutable virtuosité. Virtuose, tel est le mot que je cherchais pour qualifier ce scénario certes commun, presque banal au jour d'aujourd'hui. Mais de tous ceux qui l'ont repris, qui l'ont sucé jusqu'à la moelle, aucun ne sera réellement parvenu à en faire sa chose, à se l'approprier complètement, à le rendre atypique et unique. Sa qualité, "Gentleman Jim" la trouve dans sa simplicité d'écriture, tellement évidente qu'on sait ce qui adviendra à la fin, mais à tel point maîtrisée et géniale que la conclusion, du tout cuit, nous sidèrera complètement, comme l'aurait fait un crochet du droit d'Hurricane. Chef-d'oeuvre d'un genre qui ne cesse de s'épuiser, "Gentleman Jim" est un film réjouissant. Porté par des acteurs d'une classe superbe, et mis en scène avec brio, l'oeuvre de Wash continue d'émouvoir et d'émerveiller, de nous faire saliver devant ce destin fantastique, devant ce rêve américain auquel on aimerait tous goûter.