L’Alpagueur est un polar assez mou avec Belmondo, qui se laisse voir mais ne fait surement pas partie de la partie haute de sa filmographie.
Au casting il est vrai que Bruno Cremer est très plaisant en tueur impitoyable, le souci c’est que j’espérai une vraie présence, or il n’apparait finalement que très peu dans le film, peut-être une dizaine de minutes tout compris. C’est regrettable de ne pas l’avoir davantage exploité, d’autant que son personnage aurait mérité d’être un peu plus au centre de l’histoire, ce qu’il n’est pas à cause d’un scénario qui se disperse. Belmondo endosse un rôle classique pour lui, avec professionnalisme mais sans vraie étincelle non plus. Il traverse le métrage un peu flegmatique. Sinon bonne présence de Patrick Fierry.
Le scénario est faible. Le film se disperse beaucoup, tendant clairement à perdre en intérêt après un début canon qui mettait Cremer au centre. Le rythme est globalement beaucoup trop faible, et ce ne sont pas les quelques rares séquences d’action qui viennent franchement donner du punch. C’est vraiment par cet aspect, l’intrigue, et sa manière de la conduire que L’Alpagueur peine à marquer des points, alors même qu’il y avait matière à faire beaucoup mieux de cette confrontation musclée.
Pour le reste la réalisation est assez bonne, avec quelques idées bien trouvées (le plan tournant sur les regards par exemple), malgré une tendance à la scène d’action éclair, et un côté trop technique. Ainsi l’ambiance de campagne, sombre, froide, était plutôt réussie, et composé un point positif de L’Alpagueur, mais le réalisateur ne parvient pas vraiment à exploiter cette ambiance prenante. A la limite si le film avait viré au polar d’atmosphère, comme d’ailleurs le cinéma français sait bien le faire, on aurait pu lui pardonner ses baisses de rythme, mais Labro semble bien, par son relatif désintérêt des décors et de l’ambiance, ne pas avoir pris ce parti pourtant intéressant. La musique est originale, elle apporte une bonne tonalité, mais elle est un peu trop répétitive et n’est pas toujours exploitée à bon escient.
En clair L’Alpagueur se laisse voir, mais il faudra apprécier Belmondo et ne pas être trop regardant sur le rythme et sur la fluidité de l’intrigue. Pour ma part le film a cumulé de mauvais choix, comme le retrait de Cremer, le rejet relatif du travail d’ambiance, le manque d’action. Heureusement il y a quand même quelques bons points qui m’autorisent à lui donner la moyenne.