Section Spéciale est un très bon film. Encore une œuvre forte et importante. Quand le régime de Vichy dévoyait la loi pour mettre en place des tribunaux d'exception et condamner à mort. Une reconstitution rigoureuse du cinéaste qui garde sa féroce pertinence sur la raison d'État. Présenté en compétition officielle au 28ème Festival De Cannes en 1975 où il remporta le Prix de la mise en scène amplement mérité.
Dans la lignée de ses films politiques, le réalisateur Grec reconstitue scrupuleusement une semaine sombre de l'histoire judiciaire française pour explorer la complexité des rapports de l'homme avec le pouvoir. D'une rigueur et d'une efficacité remarquables, le film montre comment, à la faveur d'un contexte de crise ou de guerre, la machine étatique peut s'emballer dans une effrayante dérive pour dévoyer le droit et la justice, dans un aveuglement partagé et par-là même auto-légitimé. Les protagonistes, détournés de leur conscience par la manipulation ou l'ambition, s'acharnent à préserver les apparences légales de l'illégalité, notamment à travers la mascarade du procès, alors même que les condamnés ont déjà été désignés.
Habités par une peur diffuse et confits dans leurs privilèges, les magistrats ne sont ébranlés que lorsque l'un des prévenus, Lucien Sampaix, journaliste communiste et tribun éloquent (interprété par le charismatique Bruno Crémer) leur brandit une menace plus grande encore, celle de leur avenir après une défaite allemande qu'il leur annonce certaine.
Bande son de Éric Demarsan mise quelque peu à l’écart sauf dans la première moitié de film qui est plutôt bonne.
Le réalisateur Costa-Gavras signe ici son 6ème long métrage maîtrisé de part et d’autres dans sa mise en scène extra mais aussi dans sa réalisation. Le casting est de haute volée avec Louis Seigner, Roland Bertin, Michael Lonsdale, Bruno Cremer (justement cité au-dessus), Ivo Garrani, François Maistre, Henri Serre, Pierre Dux, Jacques François, Claude Piéplu (excellent), Michel Galabru (avec une scène extra), Julien Guiomar, Jean Bouise, Yves Robert, des grands noms français et tous y sont époustouflants.
Cette section spéciale et chronique féroce n'a rien perdu de sa pertinence même quarante ans après.
Ma note : 8/10 !