Je viens de terminer mon second visionnage de Donnie Darko, dans sa version director's cut. Et je suis toujours autant époustouflé par ce film, sûrement le film qui aura réveillé une passion pour le cinéma chez moi. Je trouve que le scénario vise pil poil dans le mille : il est assez complexe pour réveiller l'esprit du spectateur et lui faire poser plein de questions pendant et après le film, mais il est suffisamment clair pour qu'on comprenne ce qui se passe (et particulièrement dans sa version Director's Cut). C'est le genre de film où dès qu'on voit la fin, on remonte tout dans notre tête pour tout comprendre et on peut faire plein de théorie sans avoir d'interprétation précise. Ce superbe scénario est parfaitement aidé par l'ambiance générale de Donnie Darko : des couleurs parfois très sombres ou très claires et saturées, ce qui donnent un côté un peu onirique ou cauchemardesque à l'œuvre. Le jeu d'acteur ambigu de Jake Gyllenhaal nous plonge complètement dans son état d'esprit : le film est parfois très drôle, parfois très malsain, parfois effrayant, parfois mignon et touchant… C'est entièrement à l'image du personnage de Donnie Darko et s'il y a bien un film ou Gyllenhaal prouve tout son talent, c'est Donnie Darko. Mais ce qui m'a marqué durant ce second visionnage, c'est aussi que les autres acteurs sont excellents ! Je gardais surtout le souvenir de Gyllenhaal puisque c'est celui qui a fait la plus grande carrière et est le héros du film, mais les autres acteurs sont incroyablement touchants et crédibles dans leur rôle. Enfin, le point qui fait basculer Donnie Darko d'un excellent film à un chef d'œuvre selon moi, c'est son interprétation. C'est relié à ce que je disais à propos du scénario, mais il est difficile de déceler un message derrière cette œuvre (je me demande même si Richard Kelly voulait une morale à son histoire), mais les personnages sont tellement bien développés qu'on décèle plein de choses dans Donnie Darko : une fresque de l'adolescence, où Donnie est complètement perdu entre son envie de se construire un avenir avec des gens qu'il aime, son envie de provoquer, de faire des expériences, de changer le monde, mais aussi son comportement un peu autodestructeur qu'on connaît souvent durant l'adolescence (même si c'est souvent moins accentué que chez Donnie et tant mieux !). Ainsi, même si certaines scènes ne sont pas très crédibles (je pense à la relation Gyllenhaal-Jena Malone, ou leur amour semble un peu sorti de nulle part), on y trouve une sincérité très touchante et qui rend l'œuvre crédible. Je trouve aussi que Donnie Darko est un film plutôt réconfortant : si il y a une mélancolie, une tristesse et une tragédie qui se dégage tout au long de l'œuvre à cause de certains dialogues franchement très pessimistes ("toutes créatures sur Terre est condamnée à mourir seule !!!"), je trouve la fin assez réconfortante dans le sens où Donnie Darko semble avoir trouvé un sens à sa vie
et quelque part, je considère qu'il meurt en héros puisque sa mort permet d'épargner sa petite amie, sa mère, sa sœur et Frank. Si Donnie est un personnage ambigu tout au long du film, il est pour moi indéniable qu'il termine en ayant conscience de ce qu'il fait et en voulant préserver ceux qu'il aime, et c'est la plus belle manière de finir sa vie quand on a pu voir son tempérament provocateur et apathique par moment dans le film.
La fin est d'une beauté et d'une émotion incroyable avec la superbe musique "Mad World".
Bref, Donnie Darko est à mes yeux un chef d'œuvre trop méconnu et l'un de mes 5 films préférés de tous les temps. Je ne peux que vous le recommander ! Même si il est difficile de comprendre toutes les subtilités, le scénario et les personnages sont suffisamment captivants et touchants pour absorber complètement le spectateur. Une expérience déroutante certes, mais incroyablement plaisante et marquante.